L’argent des Africains : Jocelyne, professeure de secrétariat en Côte d’Ivoire – 542 euros par mois
Cette semaine, la série « L’argent des Africains » vous fait découvrir Jocelyne. Cette Ivoirienne qui vit à Adzopé, dans le sud-est du pays, est professeure de secrétariat dans un lycée à Daloa, dans le Centre-ouest. Combien gagne-t-elle et comment dépense-t-elle son argent ? Elle nous a ouvert son portefeuille.
Jocelyne enseigne la bureautique administrative dans les lycées depuis maintenant six ans. Expérimentée, elle occupe aujourd’hui l’échelon A4, soit le plus élevé de sa profession.
Sa discipline – le secrétariat – attire de nombreux élèves ivoiriens : chacun de ses cours attire pas moins de cinquante personnes. Ayant intégré la fonction publique ivoirienne en 2010 par voie de concours et compte tenu de la grille salariale appliquée à sa profession, elle gagne aujourd’hui 355 529 francs CFA (542 euros) par mois.
Depuis quelques années, Jocelyne est obligée de se soumettre à un train de vie particulier : son affectation la contraint à quitter régulièrement son foyer, situé en périphérie d’Abidjan, pour parcourir 380 km jusqu’à Daloa, la ville où se trouve son lycée, dans le Centre-ouest.
Une situation qui ne laisse pas de place à l’improvisation et l’oblige à une gestion millimétrée de son budget. Ainsi, trois fois par semaine, Jocelyne loue chez l’habitant une chambre à deux minutes du lycée où elle enseigne, ce qui représente une dépense mensuelle de 15 euros, sans compter le coût de transport, mensuel lui aussi, de 91 euros.
Loyer à Adzopé : 76 euros
En attendant de déménager définitivement à proximité de son lieu de travail, Jocelyne continue de louer sa maison de trois pièces à Adzopé, une ville située au sud de la Côte d’Ivoire, aux bords du fleuve Mé. Elle n’y vit que quatre jours par semaine mais s’acquitte tout de même d’un loyer mensuel de 76€. Séparé de son conjoint et ne pouvant être davantage présente dans la vie de ses deux enfants, Jocelyne a engagé une aide ménagère de confiance, qui gère le foyer et s’occupe des enfants.
Celle-ci est rémunérée à hauteur de 22 euros par mois. Chargée de préparer les repas et d’accompagner les enfants à l’école, l’employée de maison dispose également d’une enveloppe de 76 euros pour la nourriture, et de 22 euros pour amortir les frais de transport au quotidien.
Prévoyante, Jocelyne place tous les mois 30 euros dans une assurance scolaire couvrant ses enfants en cas d’accident.
Reprise des études : 44 euros
Jocelyne aspire à mener une vie qui serait moins chamboulée par son métier, et songe à ce titre à une reconversion professionnelle. « J’aimerais une vie plus stabilisée pour ma famille tout en évoluant dans la hiérarchie », nous dit-elle sur un ton ne laissant pas de doute quant à sa détermination.
En attendant de changer de voie, elle a repris ses études à l’université de Cocody, à Abidjan. Une initiative qui a bien évidemment un coût : 533 euros à l’année, soit 44 euros par mois. Il faut aussi compter l’acquisition des manuels nécessaires à la préparation des cours, qu’elle trouve sur les étals des vendeurs de rue d’Abidjan, ce qui représente 7 euros par mois en moyenne.
En attendant d’exercer un métier qui, elle l’espère, sera plus épanouissant pour elle, Jocelyne continue d’enseigner le secrétariat pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de ses enfants. Son salaire, bien qu’amputé des frais de transport, de logement et d’entretien des enfants, lui permet de couvrir les factures d’électricité, de téléphone et de télévision câblée, le tout pour la somme de 45 euros.
Un revenu également utile à la mère de Jocelyne, cette dernière lui envoyant 30 euros chaque mois pour subvenir à ses besoins : « Il me semble normal d’aider ma mère a entretenir son foyer malgré l’éloignement qui nous sépare », commente-t-elle. Pour le moment, toutes les deux vivent éloignées de l’une et de l’autre, puisque sa mère réside à Abengourou, une ville située à 210 km d’Abidjan.
Épargne : 38 euros
Attentive à ses dépenses, Jocelyne tente d’épargner 38 euros tous les mois. Cet argent pourra notamment servir à la mise en valeur d’un terrain dont elle est propriétaire depuis de nombreuses années à Adzopé. Là, elle rêve de construire dans un futur proche une maison plus spacieuse et confortable pour ses enfants. Dans ce futur proche, elle espère aussi qu’elle n’aura plus besoin de s’absenter trois jours par semaine pour se rendre à Daloa…
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