Présidentielle ivoirienne – KKB : « Ma candidature sera prioritairement portée par des jeunes »
Konan Kouadio Bertin, l' »enfant terrible » du PDCI, brave une nouvelle fois les instances de son parti, en annonçant sa candidature à la présidentielle ivoirienne de 2015. Il s’en explique pour « Jeune Afrique ».
Cela fait des semaines qu’il le répète : l’appel de Daoukro (annonçant le 17 septembre dernier le ralliement de sa formation, le PDCI-RDA à la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015), il n’en veut pas. Vendredi matin, lors d’une conférence de presse à Abidjan, Konan Kouadio Bertin dit KKB, député PDCI de Port-Bouët a donc annoncé sa propre candidature pour 2015, qu’il entend maintenir jusqu’au bout même sans le soutien officiel de son parti.
Jeune Afrique : Vous avez annoncé vendredi matin votre candidature à la présidentielle de 2015, de manière un peu inattendue. Cette précipitation a-t-elle un lien avec les rumeurs de plus en plus insistantes autour d’une possible candidature de l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Essy Amara, lui aussi issu du PDCI ?
KKB : Ma démarche obéit à une certaine logique et à une certaine constance. Je ne me détermine pas par rapport à aucun autre candidat. Je suis candidat pour sauver le PDCI. Car ne pas avoir de candidat en 2015, c’est participer ensemble à la mise à mort du parti de Félix Houphouët Boigny. Cela fait trois mois, depuis le fameux appel de Daoukro, que j’observe et que je me rends compte que personne n’ose réellement parler au sein du parti. Je prends donc mes responsabilités et décide de me porter candidat.
Oui mais la position du président de votre parti, Henri Konan Bédié, semble clair sur la question. Il veut un candidat unique sous la bannière du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui rassemble votre parti et le Rassemblement des républicains (RDR), d’Alassane Ouattara…
Je suis un militant du parti et je franchirai toutes les étapes nécessaires pour mener à bien mon projet. Mais vous savez, comme disait feu Felix-Houphouët Boigny, "la politique est la saine appréciation des réalités du moment"… Et si les réalités du pays impliquent que je doive me présenter à la présidentielle directement devant les Ivoiriens, sans passer par les instances du PDCI-RDA, je suis aussi prêt à le faire.
A l’intérieur du parti, Essy Amara est notamment soutenu par les planteurs. Et vous, par qui, par quelle "corporation" êtes-vous soutenu ?
J’ai fait récemment un tour de la Côte d’Ivoire pour aller à la rencontre de ceux qu’on appelle chez nous les "aînés". J’ai rencontré des rois, des paysans, qui m’ont apporté leur soutien. Et c’est très important car ils sont à la base du PDCI-RDA. Mais il y a aussi un autre paramètre à prendre en compte : la jeunesse. Ma candidature sera prioritairement portée par des jeunes – même s’il est important de respecter la chaîne des générations – qui sont en proie à des difficultés énormes et sont dynamiques, ambitieux. En Côte d’Ivoire nous avons la particularité d’avoir de nombreux jeunes au chômage, et les quelques-uns qui réussissent, atteignent péniblement le poste de conseillers… pour conseiller des anciens, qui ont plus d’expérience qu’eux, sans jamais pourvoir prendre d’initiatives. Pourquoi nos aînés ne pensent-ils pas plus à nous responsabiliser, puisqu’eux-mêmes ont été responsabilisés très tôt par Houphouët afin de bâtir le pays et qu’ils ont fait des merveilles. Lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances, Bédié n’était-il pas seulement trentenaire ? Les problèmes de la Côte d’Ivoire sont aujourd’hui énormes et nous avons besoin de jeunesse, de dynamisme, pour les résoudre.
Essy, Konan Banny, KKB… Est-ce qu’une entente entre tous les opposants à l’appel de Daoukro est possible selon vous ?
En tant que militants du PDCI-RDA, il faut toujours privilégier l’entente, la discussion entre nous. Si nous n’en sommes pas capables, nous ne se serons pas capables de diriger la Côte d’Ivoire. Si nous ne pouvons pas nous entendre entre nous, comment arriverons nous réconcilier les Ivoiriens ? Cette réconciliation, que le RDR n’a pas réussi à faire, est notre premier défi.
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Propos recueillis par Haby Niakaté
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