Un an après le lancement de Sangaris, où en est la Centrafrique ?

La France va progressivement retirer ses soldats engagés en Centrafrique, passant de 2 000 hommes actuellement à 1 500 au printemps, a indiqué vendredi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Un an après le lancement de l’opération Sangaris, la Centrafrique se porte-t-elle mieux ?

Des soldats français patrouillent dans Bangui, le 4 décembre 2014. © AFP

Des soldats français patrouillent dans Bangui, le 4 décembre 2014. © AFP

Publié le 5 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Un an après l’assaut lancé le 5 décembre 2013 contre des positions de la Séléka à Bangui, les plaies de la Centrafrique sont-elles refermées ? Un bref retour en arrière s’impose pour répondre à la question. Il y a tout juste un an, un jeudi, vers 5 heures 30 (heure locale, 4 heures 30 TU), des éléments des milices d’autodéfense anti-balaka accompagnés d’ex-Faca (forces favorables à l’ancien président François Bozizé) tentent d’encercler Bangui. Équipés d’armements modernes et lourds, les assaillants, dont on ignore le nombre, mènent plusieurs attaques coordonnées : au PK 12 (12 km au nord de Bangui), au camp Kassaï (non loin du centre-ville, dans la zone du fleuve) et dans le quartier Boy-Rabe.

Pris par surprise, les ex-Séléka sont d’abord mis en difficultés, perdant pendant un moment le contrôle du camp Kassaï, mais ils reprennent le dessus en fin de matinée. À quel prix ? Les combats à l’arme lourde et légère, particulièrement violents, auront fait plusieurs centaines voire un millier de morts, dont une majorité de civils.

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L’évènement précipite l’intervention de l’armée française. Sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU, qui vote une résolution en urgence, Paris décide d’envoyer 1 300 hommes sur place, ils seront très vite 2 000. Leur mission, qui devait durer quatre à six mois, était de sécuriser le pays en collaboration avec les forces africaines de la Misca. Aujourd’hui, les soldats de Sangaris sont épaulés par ceux de la Minusca (ONU) et de l’Eurof-RCA (Union européenne).

Il est vrai que Bangui n’est plus le théâtre de violences de masse. Mais l’insécurité a évolué. Elle est moins politique, plus liées à la criminalité et au banditisme.

Un an après, à Paris, on se dit relativement satisfait du travail effectué par l’armée française. Il est vrai que Bangui n’est plus le théâtre de violences de masse. Mais l’insécurité a évolué. Elle est moins politique, plus liées à la criminalité et au banditisme. La sécurisation de la ville est désormais assurée par les forces de l’ONU et de l’UE, dont le travail est apprécié. Car, pour Sangaris, la mission a rapidement été de renforcer sa présence dans le reste du pays les milices, Séléka et anti-balaka, sont bien implantées.

La sécurisation de cette vaste partie du territoire n’est pas une simple affaire. Aujourd’hui, le pays est coupé en deux. Une grande partie de l’Est, où se sont réfugiés des milliers de musulmans, est sous la coupe des Séléka. À l’Ouest, les milices anti-balaka et d’autres bandes armées font perdurer l’insécurité, se comportant en bandits de grands chemins. Et si un travail de désarmement a été effectué, anti-balaka comme Séléka, même profondément divisés, conservent un fort pouvoir de nuisance.

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850 000 réfugiés et déplacés

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En ciblant d’abord les miliciens de la Séléka, l’intervention française a fait basculer le rapport de force militaire et politique. En janvier, le président Michel Djotodia a été contraint de quitter le pouvoir. Ses hommes ont petit à petit rejoint le nord et l’est de la RCA. Profitant de leur position de faiblesse, les anti-balaka ont lancé une campagne de représailles contre la minorité musulmane, jugée complice des crimes commis par la Séléka. Résultat : de nombreuses victimes et des déplacés.

Aujourd’hui encore, près de 850 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays ou réfugiées à l’extérieur : 22 000 en RDC, 20 000 au Tchad, 10 000 au Congo et 135 000 au Cameroun. Une situation qui complique encore l’organisation des élections présidentielle et législatives prévues avant juillet.

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Par Vincent DUHEM

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