Tunisie : trois mots sur la carrière de Mohamed Ennaceur, nouveau président de l’Assemblée
Avec 176 voix sur 217, Mohamed Ennaceur, vice-président du parti Nidaa Tounes, a été élu à la tête de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Portrait en trois mots d’un homme discret qui a derrière lui une grande carrière de commis de l’État, de Bourguiba aux gouvernements de transition formés au lendemain de la révolution.
Dialogue national
L’élection de Mohamed Ennaceur, 80 ans, au perchoir de l’Assemblée des représentants du peuple met fin à de longues négociations. Les parlementaires d’Ennahdha ont voté pour ce membre de Nidaa Tounes, sanctionnant un accord passé entre les deux partis.
Ennaceur a rejoint le parti de Béji Caïd Essebsi en février 2014. Il en devient vice-président après avoir été pressenti comme chef du gouvernement en décembre 2013.
Après la révolution, il affirmait que "la classe politique, les acteurs économiques et sociaux, les composantes de la société civile et l’élite du pays n’ont pas d’autre choix que de dépasser les divergences idéologiques et partisanes, les conflits d’intérêt, pour construire un avenir commun et se hisser au niveau de leur responsabilité historique". Sa nouvelle charge lui permettra de mettre en pratique ces réflexions sur la nécessité du dialogue national.
Social
Ce mot sera le fil conducteur de sa carrière. Originaire d’El Jem (Centre-Est), une ville située aux portes de la région du Sahel dont il fondera plus tard le festival de musique symphonique, Ennaceur sort diplômé de l’Institut des hautes études de Tunis en 1956. Il fait ses débuts comme commissaire général de l’Office des travailleurs tunisiens à l’étranger. Puis il obtient un doctorat en droit social à la Sorbonne (Paris) en 1976, alors qu’il est devenu entre temps ministre des Affaires sociales. Une charge qu’il assumera de nouveau de 1979 à 1985 et en 2011.
Ennaceur a été également l’un des principaux acteurs d’une société civile embryonnaire sous Bourguiba et Ben Ali. Président fondateur de l’Association tunisienne de droit social en 1985, il a notamment créé la Revue tunisienne de droit social et fondé l’Institut de l’audit social de Tunisie.
International
Apprécié des Tunisiens pour sa pondération, beaucoup ignorent que ce féru d’art a eu un long parcours international. Après avoir dirigé de 1991 à 1996 la mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations unies à Genève, il poursuit sa carrière comme consultant international et coordonne des activités du Pacte mondial pour la Tunisie – une initiative de l’ONU lancée en 2000 et visant à inciter les entreprises à adopter une attitude socialement responsable.
Également vice-président de la Société internationale du droit du travail et de la sécurité sociale, président de l’Institut Social Consult, membre de l’Institut international de l’audit social et conseiller du Centre d’études prospectives et stratégiques de Paris, il donne à chaque poste qu’il occupe de la visibilité à la Tunisie.
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Frida Dahmani
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