Retour sur les bonnes nouvelles qui ont marqué l’année 2016

Il n’y a pas eu que des mauvaises nouvelles dans l’actualité africaine en 2016. Voici notre sélection, forcément non-exhaustive et subjective, des événements qui ont égayé l’année.

Célébration de la nouvelle année 2015 à Cape Town, en Afrique du Sud. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Célébration de la nouvelle année 2015 à Cape Town, en Afrique du Sud. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 23 décembre 2016 Lecture : 9 minutes.

Des alternances réussies

Ulisses Correia e Silva après avoir voté, le 20 mars 2016. © Page Facebook

Ulisses Correia e Silva après avoir voté, le 20 mars 2016. © Page Facebook

2016 aura été l’année d’alternances réussies dans plusieurs pays. À l’exemple du Ghana, où l’opposant historique Nana Akufo-Addo a battu dans les urnes le président sortant John Dramani Mahama début décembre. Quelques heures après sa victoire, les premiers mots du vainqueur étaient d’ailleurs destinés à saluer « la bonne santé » de la démocratie ghanéenne.

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L’alternance a aussi eu lieu avec succès au Cap-Vert avec l’arrivée du libéral Ulisses Correia e Silva à la primature (le Cap-Vert est un régime semi-parlementaire). L’archipel est régulièrement montré en exemple : en octobre, Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial en Afrique de l’Ouest du secrétaire général de l’ONU, avait d’ailleurs décerné une mention spéciale au pays, « un exemple remarquable : trois élections, toutes réussies, en 2016 » (législatives, municipales et présidentielle). Un exemple pour d’autres pays du continent ?

La sortie d’Aurion, le premier jeu vidéo 100% camerounais

Plus de treize ans après l’avoir imaginé sur les bancs de la faculté de Yaoundé, Olivier Madiba a réussi son pari en 2016, celui de lancer « Aurion : L’Héritage des Kori-Odan », le premier jeu vidéo 100% camerounais. Après un long crowdfunding (financement participatif, NDLR), le studio Kiro’o Games est parvenu en avril à mettre en ligne Aurion sur la plateforme Steam.

Un jeu empreint des mythes camerounais et africains, auxquels les gamers du continent ont ainsi de plus en plus facilement accès. Depuis quelques mois, les joueurs nigériens peuvent en effet télécharger le premier jeu vidéo 100% nigérien, « Les Héros du Sahel » avec Shamsou, un héro drapé aux couleurs du Niger et entouré de personnages issus de contes traditionnels du pays.

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L’Algérien Riyad Mahrez sacré meilleur joueur de Premier League

Riyad Mahrez, à Londres, le 5 mars 2016. © Tim Ireland / AP / SIPA

Riyad Mahrez, à Londres, le 5 mars 2016. © Tim Ireland / AP / SIPA

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C’est une première pour un joueur africain. Riyad Mahrez, international algérien de 25 ans, a été élu en avril meilleur joueur de la saison du championnat anglais par l’Association des footballeurs professionnels (PFA).

Une récompense que l’Algérien doit à ses performances à Leicester, petit poucet du championnat anglais sacré champion de Premier League en 2016 après avoir déjoué tous les pronostics.

En décembre, l’ancien joueur du Havre finissait à la septième place du classement pour le Ballon d’Or, une première pour un joueur algérien. « Je termine à une superbe place derrière des grands joueurs. Cela m’inspire surtout de l’humilité. C’est le sens de mon parcours depuis le début de ma carrière », a réagi l’attaquant dans une interview accordée à France Football.

Libération de 22 filles de Chibok

Mère d'une lycéenne enlevée par Boko Haram le 19 mai 2014, à Chibok, dans le nord-est du Nigeria. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Mère d'une lycéenne enlevée par Boko Haram le 19 mai 2014, à Chibok, dans le nord-est du Nigeria. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Ils sont des milliers de civils à être toujours retenus par les islamistes de Boko Haram. Mais le 13 octobre dernier, le gouvernement nigérian relançait l’espoir des familles d’otages en confirmant la libération de 21 des 276 lycéennes enlevées deux ans auparavant, en avril 2014. Quelques mois avant, le 17 mai 2016, une autre lycéenne de Chibok avait également été retrouvée libre à une quarantaine de kilomètres de la ville avec un nourrisson de 4 mois, sa fille Safiya.

Mais pour les ex-otages de Boko Haram souvent victimes de crimes sexuels lors de leur détention, le retour est particulièrement difficile. « Bon nombre d’entre elles sont stigmatisées à leur retour. Elles sont même parfois enceintes. Ce qui peut conduire leurs familles, qui se considèrent comme déshonorées, à les rejeter », expliquait en août 2015 la présidente d’Amnesty International France, Geneviève Garrigos.

Le premier aéroport vert du continent

Des panneaux solaires à l'aéroport sud-africain de George (sud), le 26 septembre 2016. © GIANLUIGI GUERCIA/AFP

Des panneaux solaires à l'aéroport sud-africain de George (sud), le 26 septembre 2016. © GIANLUIGI GUERCIA/AFP

C’est un aéroport presque unique au monde, puisqu’il n’a d’équivalent que celui de Cochin, en Inde. L’aéroport sud-africain de George, dans le sud du pays, fonctionne désormais uniquement grâce à l’énergie solaire. Dans ce hub pour le transport de marchandises, la tour de contrôle, les escalators et les restaurants sont alimentés par la centrale solaire de la ville, qui produit jusqu’à 750 kW d’électricité chaque jour.

Le bilan très positif de l’initiative devrait entraîner le développement de projets similaires. En un an, la facture d’électricité a en effet baissé de 40% et l’aéroport a réduit ses rejets en dioxyde de carbone de 1 229 tonnes, soit l’équivalent de 103 934 litres de fuel, rappelait l’AFP dans un reportage consacré au premier aéroport vert du continent.

Avancée majeure pour la justice tunisienne

Bilan et perspectives des Tunisiens en ce début 2017, selon le rapport annuel Open Sigma. © Christophe Ena/AP/SIPA

Bilan et perspectives des Tunisiens en ce début 2017, selon le rapport annuel Open Sigma. © Christophe Ena/AP/SIPA

Une avancée historique et une étape nécessaire à la transition : pour la première fois en Tunisie, la parole a été donnée publiquement aux victimes de violations des droits de l’Homme, en particulier sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali. Les audiences, organisées les 17 et 18 novembre puis le 17 décembre par l’Instance vérité et dignité (IVD), ont été retransmises en direct par les médias tunisiens.

Une étape essentielle à la transition démocratique, presque six ans après la révolution tunisienne. Une autre date symbolique, le 14 janvier – qui marque le départ pour l’Arabie saoudite du président déchu Ben Ali début 2011 –, a d’ailleurs été choisie par l’IVD pour la tenue de nouvelles audiences.

Les sacres des JO

Impossible d’occulter la moisson de médailles engrangée par l’Afrique lors des JO 2016 de Rio. Avec 45 médailles, le continent a réalisé la meilleure performance de son histoire. La palme d’or revient au Kenya, qui en rapporte treize au pays.

En rapportant 25 médailles, l’athlétisme aura une nouvelle fois été la discipline la plus pourvoyeuse de breloques pour les sportifs du continent. Parmi les sacres à retenir, ceux de l’Éthiopienne Almaz Ayana et du Sud-Africain Wayde Van Niekerk, qui ont tous les deux décroché l’or en arrachant le record du monde, respectivement sur 10 000 m et sur 400 m.

Ines Boubakri après avoir décroché sa médaille de bronze aux Jeux olympiques, à Rio le 10 août 2016. © Charlie Riedel/AP/SIPA

Ines Boubakri après avoir décroché sa médaille de bronze aux Jeux olympiques, à Rio le 10 août 2016. © Charlie Riedel/AP/SIPA

Charlie Riedel/AP/SIPA

D’autres médailles furent inédites pour le continent. La tunisienne Inès Boubakri est ainsi devenue la première africaine médaillée en escrime, pendant que l’athlète Francine Niyonsaba devenait la première athlète olympique burundaise en remportant l’argent sur 800 m.

La palme d’or des médailles inédites du continent revient à Cheick Cissé, 23 ans et champion olympique de taekwondo grâce à une action à la dernière seconde de son combat. Sa médaille illustre l’âge d’or du taekwondo africain, puisque l’ivoirienne Ruth Gbagbi est allée chercher la médaille de bronze à Rio, tandis que le Nigérien Issoufou Alfaga Abdoulrazak a de son côté raflé l’argent dans la même discipline.

Cheick Sallah Cissé lors de la finale des moins de 80 kilos en Taekwondo, le 19 août 2016 à Rio. © Gregory Bull/AP/Sipa

Cheick Sallah Cissé lors de la finale des moins de 80 kilos en Taekwondo, le 19 août 2016 à Rio. © Gregory Bull/AP/Sipa

Gregory Bull/AP/Sipa

McKinsey vante le potentiel économique africain

Construction d'avenues et de routes dans et autour de Niamey (Niger), par l'entreprise Sogea-Satom en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA

Construction d'avenues et de routes dans et autour de Niamey (Niger), par l'entreprise Sogea-Satom en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA

C’est l’un des totems des partisans de l’afro-optimisme : six ans après la première édition de son rapport, le prestigieux cabinet de conseil américain McKinsey a de nouveau vanté le potentiel économique africain en septembre dernier lors de la deuxième édition de son rapport d’analyse.

Le rapport pointe en revanche une conjoncture économique plus défavorable et un ralentissement des taux de croissance par rapport aux précédentes années. Mais McKinsey insiste sur l’essor du continent et de ses classes moyennes. Le cabinet américain en veut pour preuve ses projections : selon ses analyses,  les dépenses des ménages et des entreprises devraient respectivement bondir de 645 et 970 milliards de dollars d’ici 2025, faisant des pays africains un méga-marché de 5 500 milliards de dollars.

Un optimisme conditionné à plusieurs réformes : capacité à lever les impôts, diversification de certaines économies trop dépendantes à l’or noir, renforcement des infrastructures.

L’emballement pour le football féminin au Cameroun

En attendant la CAN masculine en janvier et février 2017, les Camerounais ont prouvé en décembre que le football féminin pouvait aussi remplir les stades. Preuve en est, lors de la finale de la CAN féminine opposant le Cameroun au Nigeria le 3 décembre à Yaoundé, 40 000 spectateurs s’étaient rués au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé. Le président Paul Biya, dont les apparitions sont très rares, avait exceptionnellement fait le déplacement pour soutenir les Lionnes, faisant taire quelques instants la grogne sociale et la colère des Camerounais après la catastrophe ferroviaire d’Eseka.

Même engouement dans les rues de la capitale, où des écrans géants avaient été déployés près du stade pour les supporteurs sans billet. Cette ferveur populaire n’a toutefois pas suffi pour décrocher la victoire : un tir croisé de l’attaquante nigériane Désiré Oparanozie est venu doucher l’espoir des Lionnes à la 84ème minute, après un parcours sans faute. « Merci de nous avoir permis de rêver et surtout continuez d’écrire votre histoire. Je vous aime ! », avait lancé Samuel Eto’o.

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Libération de Lydienne Yen Eyoum

Photo de Lydienne Eyoum prise en 2014. © Yen-Eyoum Family/AFP

Photo de Lydienne Eyoum prise en 2014. © Yen-Eyoum Family/AFP

Le 4 juillet 2016, le calvaire de Lydienne Yen Eyoum prenait fin : l’avocate française d’origine camerounaise était libérée sur décret du président Paul Biya. « Une remise totale de la peine restante à purger est accordée à Yen Eyoum Lydienne Annette, épouse Loyse, condamnée à 25 ans de prison pour détournement de deniers publics », décidait le chef de l’État.

L’avocate avait toujours nié les faits qui lui étaient reprochés et se battait, en France et aux Nations unies pour retrouver la liberté et faire annuler la condamnation prononcée par le tribunal criminel spécial dans l’opération Épervier. C’est désormais, en partie, chose faite. S’il lui a permis de recouvrer la liberté, le décret présidentiel ne revient pas sur sa culpabilité.

Éradication du paludisme en vue d’ici 2020 dans 6 pays

En avril 2016, l’OMS annonçait que six pays du continent – le plus touché par le paludisme – pouvaient se débarrasser de la maladie d’ici 2020. Il s’agit de l’Algérie, du Cap-Vert, du Swaziland, du Botswana, de l’Afrique du Sud et des Comores.

Même espoir à São Tomé-et-Príncipe : alors que l’épidémie était endémique il y a vingt ans, aucun cas mortel n’a été recensé à São Tomé depuis 2014. Quant à l’île de Príncipe, cela fait bientôt cinq ans que l’on ne meurt plus de la maladie.

Les Pangolins enfin protégés

Un pangolin à Bali, le 19 juin 2014. Photo d'illustration. © Firdia Lisnawati/AP/SIPA

Un pangolin à Bali, le 19 juin 2014. Photo d'illustration. © Firdia Lisnawati/AP/SIPA

La pangolin, mammifère édenté reconnaissable à son corps serti d’écails, a reçu en septembre 2016 la protection de la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites). Traqué par les braconniers, le Pangolin a été déclaré espèce protégée. Concrètement, le commerce de cet animal, désormais considéré comme l’un des plus menacés au monde, sera interdit.

Il y avait urgence : selon la Cites, les braconniers auraient tué plus d’un million de Pangolins ces dix dernières années. En cause, la gastronomie vietnamienne et chinoise, deux pays où la viande de Pangolin est particulièrement prisée et s’achète à des prix exorbitants.

Si elle fut un rendez-vous manqué pour les lions et les éléphants, la convention de la Cites a en revanche mis sous protection le perroquet gris d’Afrique, interdisant également son commerce. Cet oiseau, l’un des plus recherchés au monde en raison de sa capacité à imiter la voix humaine, a été décimé par le braconnage ces dernières décennies. Selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) entre 2,1 et 3,2 millions de perroquets gris d’Afrique ont été capturés de 1975 à 2013.

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d'illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Des perroquets gris, le 2 juin 2006., à Dothan, en Alabama. Photo d'illustration. © MIKE LEWIS/AP/SIPA

Cinq réserves naturelles africaines sur la liste de l’Unesco

Le lac Bosomtwi, dans la région Ashenti au Ghana. © Wikimedia Commons/Adam Jones

Le lac Bosomtwi, dans la région Ashenti au Ghana. © Wikimedia Commons/Adam Jones

Choisis pour la beauté et la diversité de leur écosystème, cinq sites naturels africains font désormais partie des réserves naturelles mondiales protégées par l’Unesco depuis mars 2016. Parmi eux, le lac Bosumtwi dans la région Ashenti au Ghana. Littéralement « l’antilope de dieu » en twi, le lac s’est formé dans un ancien cratère créé par un impact de météorite. Bordant une région montagneuse à la végétation luxuriante, il est considéré comme sacré dans les croyances locales.

Autre zone désormais protégée, le Cèdre de l’Atlas, au centre du massif marocain, affiche pour sa part un paysage spectaculaire. Foyer immémorial de la culture berbère, il entretient une culture locale riche et plurielle.

Bastion d’une biodiversité d’une rare richesse, abritant des centaines d’espèces animales et végétales, le parc national de de Jozani-Chwaka Bay sur l’île de Zanzibar, s’inscrit également sur la liste des sites protégés. Tout comme  la chaîne montagneuse des Monts de Tlemcen, en Algérie, haut lieu de l’archéologie mondiale.

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