En 2016, les journalistes égyptiens, burundais, éthiopiens et érythréens particulièrement menacés
Le nombre de journalistes incarcérés ou détenus dans le monde a augmenté en 2016. Une hausse notamment liée à la situation en Turquie où plus de 100 journalistes et collaborateurs de médias se trouvent aujourd’hui en prison, déplore Reporters sans frontières (RSF) dans son bilan annuel publié ce mardi.
Selon ce rapport, rendu public mardi 13 décembre, bon nombre de journalistes africains sont également pris pour cible. C’est notamment le cas en Égypte. Outre la Turquie, la Chine, l’Iran, et l’Égypte concentrent à eux seuls plus des deux tiers des journalistes emprisonnés, indique l’association.
« En Égypte où 27 journalistes sont détenus, le musellement de l’information prend une tournure des plus inquiétantes. Le régime du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi pourchasse toute personne liée de près ou de loin aux Frères musulmans », s’alarme RSF dans son bilan annuel.
Le Burundi en accusation
Le document met de nouveau en accusation le Burundi, où le journaliste Jean Bigirimana reste introuvable plus de cinq mois après sa disparition, le 22 juillet dernier à Bugarama, au centre du pays.
« RSF considère qu’un journaliste est porté disparu quand il n’y a pas suffisamment d’éléments pour déterminer s’il a été victime d’un homicide ou d’un enlèvement, et qu’aucune revendication crédible n’a été diffusée », précise l’association. En septembre, RSF avait lancé une pétition pour interpeller Bujumbura et demander des investigations indépendantes. Plus de 11 400 personnes ont à ce jour signé l’appel.
« La mobilisation pour Jean est une mobilisation pour tous les journalistes burundais et, au-delà, pour tous les civils qui vivent dans l’insécurité la plus totale, soumis à l’arbitraire d’un pouvoir qui semble sombrer lentement dans la paranoïa », expliquait fin octobre Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF dans une tribune publiée sur Jeune Afrique.
Érythrée et Éthiopie sur le banc des accusés
L’Érythrée et l’Éthiopie sont également sur le banc des accusés, dans un rapport également publié ce mardi 13 décembre, cette fois par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Selon l’organisme, le top 5 des pays comptant le plus de journalistes en prison est composé de la Turquie, devant la Chine, l’Égypte, l’Érythrée et l’Éthiopie, où la grogne sociale a provoqué une réaction musclée des autorités.
Dans le cadre de l’état d’urgence décrété dans ce pays le 9 octobre, des directives ont imposé des restrictions à l’accès aux médias. Il est désormais illégal de consulter ou de diffuser sur les réseaux sociaux les informations données par deux médias éthiopiens d’opposition basés aux États-Unis : Ethiopian Satellite Radio and Television (ESAT) et Oromo Media Network (OMN).
Quelques jours après la mise en place de cette mesure, un des rares médias indépendants éthiopiens, le mensuel Addis Standard, annonçait qu’il cessait de paraître en raison des difficultés liées à l’état d’urgence.
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