Pétrole : l’Angola va devoir se serrer la ceinture
Le recul des cours du pétrole va-t-il contraindre l’Angola à renoncer à la hausse des dépenses sociales prévues dans le budget 2015 ? Si la situation économique du pays s’est améliorée depuis la crise financière de 2008, les attentes des citoyens sont elles aussi en hausse.
La chute des prix du pétrole place l’Angola dans une situation délicate. Le budget 2015, élaboré sur la base d’un prix du baril à 81 dollars – contre un cours actuel proche de 50 dollars, un plus bas en cinq ans – prévoyait une hausse des dépenses sociales. Dans ce contexte difficile, le gouvernement saura-t-il être à la hauteur des attentes qu’il a suscitées ?
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« Nous nous apprêtons à passer un moment difficile car le gouvernement n’a pas les moyens de mettre en œuvre le budget qu’il a adopté pour cette année », affirme José de Oliveira, un consultant indépendant dans le secteur pétrolier, cité par l’AFP.
L’Angola tire près de 70 % de ses ressources fiscales du pétrole. Aussi, l’effondrement des prix, constaté depuis juin, devrait entraîner une chute des revenus et accentuer la dégradation des comptes publics. La loi de Finances 2015, tablait sur un déficit fiscal de 7,6 % du PIB en 2015 – le deuxième consécutif, après quatre années d’excédents. Et encore, cette estimation misait sur un cours du pétrole supérieur de 60 % à celui observé aujourd’hui.
Conséquences sociales
« Il risque d’y avoir des problèmes pour payer les salaires des fonctionnaires et pour assurer les services sociaux de base, dont la quantité et la qualité va diminuer, ce qui affecte les personnes les plus modestes », s’alarme Elias Isaac, le directeur de la fondation Open Society, cité par l’agence de presse.
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En Angola, 54 % de la population vit encore avec moins de deux dollars par jour, selon des chiffres officiels communiqués en octobre.
Le camp présidentiel, qui a fait campagne en 2012 sur la promesse d’améliorer les conditions de vie, voit ses ambitions contrariées et veut éviter à tout prix de nourrir le malaise social, à deux ans des élections générales de 2017.
Aussi, dans le nouveau budget, les dépenses sociales sont, pour la première fois depuis la fin de la guerre civile dans le pays en 2002, supérieures à l’enveloppe consacrée à la défense et à la sécurité. L’éducation et la santé se voient attribuer 14,7 % de l’ensemble des dépenses (+39,3 % par rapport à 2014) contre 14,1 % pour la défense et la sécurité (-14,3 % sur un an).
Souvenirs de 2008
Le gouvernement sera-t-il à la hauteur des attentes qu’il a suscitées avec l’annonce de cette hausse ? Certains en doutent, se basant sur l’expérience de la crise financière de 2008, durant laquelle la chute du cours du pétrole a engendré une stagnation de l’économie angolaise, un creusement des déficits et la fonte des réserves de change. Cette récession avait aussi provoqué une hausse du chômage, une dévaluation de la monnaie nationale et une inflation.
« Il est très probable que les Angolais doivent à nouveau subir un peu de tout cela », affirmait Carlos Rosado, le directeur de l’hebdomadaire Expansao, sur le site du journal le 12 janvier. « Ce que l’on ne sait pas, c’est dans quelle proportion ».
« Les mouvements revendicatifs de jeunes, qui sont apparus dans un contexte plus favorable, vont se multiplier », prévoit pour sa part Celso Malavoloneke, professeur de journalisme et analyste politique.
La situation actuelle est plus « explosive » qu’en 2008 car, entre-temps, les attentes des citoyens angolais ont augmenté
Pour beaucoup, l’Angola est aujourd’hui mieux préparé à faire face à un choc économique que par le passé. Le pays a mis en place des réformes fiscales, dispose de réserves financières plus solides et a fait des efforts pour développer le secteur non-pétrolier.
Mais, reprend l’analyste politique Celso Malavoloneke, « même si le pays est mieux armé économiquement, la situation actuelle est plus explosive qu’en 2008 car, entre-temps, les attentes des citoyens ont augmenté ».
« Certaines dépenses publiques seront réduites, notamment les subventions au prix des carburants, des projets seront reportés et le contrôle des dépenses de l’État comme la discipline budgétaire vont être renforcés », avait déjà prévenu le président José Eduardo dos Santos en fin d’année.
(Avec AFP)
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