Le sud de l’Algérie vent debout contre le gaz de schiste

La mobilisation contre le gaz de schiste dans le grand sud algérien, commencée début janvier, au lendemain de l’annonce du premier forage réussi de gaz non conventionnel dans le bassin d’Ahnet, se joue avant tout sur le terrain économique.

Des manifestatnts anti gaz de schiste, le 13 janvier à In Salah, dans le Sahara algérien. © In Salh Sun & Power/facebook

Des manifestatnts anti gaz de schiste, le 13 janvier à In Salah, dans le Sahara algérien. © In Salh Sun & Power/facebook

Publié le 15 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 1er janvier, le Sahara algérien, de Ouargla à Tamanrasset, d’Adrar à Illizi, est secoué par la lutte contre le gaz de schiste. Le mouvement de protestation est parti de la ville d’In Salah (à 1 300 km d’Alger), près de laquelle a été lancé le premier puits-pilote de gaz non conventionnel dans le bassin d’Ahnet. Il s’est depuis étendu et amplifié, paralysant l’ensemble de la région.

Le blocage momentané de la route nationale 1 d’où arrivent les marchandises du nord a perturbé l’approvisionnement des magasins et la fermeture des boutiques a fini de bloquer toutes les activités commerciales dans cette ville de 50 000 habitants. « Les transports sont en grève, les écoles ont fermé leurs portes pendant une semaine et la Poste n’ouvre qu’une heure par jour », témoigne Mohad Kasmi, un militant anti gaz de schiste d’In Salah.

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Vidéo d’une marche organisée le 13 janvier à In Salah (en arabe)

 

L’État en échec

Face à une contestation grandissante, les autorités algériennes ont rapidement tenté d’éteindre l’incendie. Le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, dépêché sur les lieux, une semaine après le début des manifestations, a expliqué que « les nouvelles techniques utilisées permettent une extraction sans danger de ce type de gaz », et insisté sur l’urgence pour l’Algérie de « diversifier ses sources d’énergie ». Sans succès.

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Le PDG de l’entreprise publique des hydrocarbures Sonatrach, Saïd Sahnoun, est également monté au créneau, annonçant le dimanche 11 janvier que son groupe investira près de 70 milliards de dollars sur 20 ans pour forer quelque 200 puits de gaz de schiste par an. « Ces nouveaux projets permettront la création de 50 000 emplois », a-t-il martelé.

>>>> Lire aussi – Algérie : faut-il avoir peur du gaz de schiste ?

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Des citoyens déterminés

Mais l’argumentaire économique n’a pas convaincu. « Depuis 50 ans nous entendons ces discours sur de prétendus bénéfices pour la région », rétorque Yacine Zaïd, un militant engagé contre le gaz de schiste à Adrar. « En réalité, la situation de la population du Sud ne s’est pas améliorée : le manque d’infrastructures persiste et le taux de chômage demeure élevé ».

Convaincus que le gaz de schiste apportera plus de méfaits que de vertus, les habitants du sud sont décidés à poursuivre leur lutte jusqu’au bout. La mobilisation s’est d’ailleurs récemment étendue à d’autres villes du Sahara et une manifestation nationale est prévue à Alger ce samedi 17 janvier.

Ci-dessous une carte des nouveaux gisements d’hydrocarbures non-conventionnels algériens et des plus anciens conventionnels, aujourd’hui en recul

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