Tunisie – Béji Caïd Essebsi : « Je maintiendrai le moratoire sur la peine de mort »

Candidat de Nidaa Tounes en lice pour le second tour de la présidentielle tunisienne, prévu le 21 décembre, Béji Caïd Essebsi répond à trois questions de « Jeune Afrique ».

BCE espère un gouvernement consensuel. © FETHI BELAID / AFP

BCE espère un gouvernement consensuel. © FETHI BELAID / AFP

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 8 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Jeune afrique : Jeune avocat sous le protectorat, vous avez défendu des militants nationalistes qui risquaient la peine capitale. Vous avez été marqué par votre rencontre avec Béchir Ksiba, un résistant tunisien de Ghar el-Melh, quelques jours avant qu’il ne soit passé par les armes. La peine de mort est toujours en vigueur en Tunisie. Si vous êtes élu président, userez-vous de votre droit de grâce ?

Béji Caïd Essebsi : Il y a eu cinq ou six exécutions sous Ben Ali et plus aucune après 1991. Et il n’y en a eu aucune sous Marzouki. La Tunisie aurait peut-être pu franchir le pas et proclamer l’abolition, immédiatement après la révolution. Une telle décision aurait néanmoins été très difficile à assumer politiquement, compte tenu du contexte et des crimes, horribles et sauvages, auxquels la société est parfois confrontée. Malgré tout, je pense qu’il faut éviter d’en venir à l’extrémité ultime que représente une exécution capitale. Pour ma part, je ne pourrais pas faire moins que mon prédécesseur et que Ben Ali au sujet de la peine de mort.

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>> Lire aussi  : Maghreb : une lueur au bout du couloir de la mort

Le nouveau chef du gouvernement doit-il avoir un profil politique ou un profil de technocrate indépendant ?

Je pense que nous avons surtout besoin d’un Premier ministre politique mais consensuel. Nidaa Tounes ne gouvernera pas seul mais selon une formule consensuelle. Mon rôle de président, si je suis élu, sera de faire le maximum pour que ce chef du gouvernement puisse travailler dans de bonnes conditions. Mais certainement pas de me mesurer à lui ou de chipoter sur ses compétences. J’ai trop le sens de l’État pour me livrer à ce jeu-là.

Dans la conclusion de votre livre, paru en avril 2009*, vous écriviez : "Lorsque le temps fera son oeuvre, que le bon grain se sera débarrassé de l’ivraie, que l’Histoire prendra le pas sur l’actualité, Habib Bourguiba sortira alors du purgatoire et sa statue équestre reprendra sa place, à Tunis, en face de celle d’Ibn Khaldun." Ces lignes sont-elles toujours d’actualité et peut-on imaginer un retour de cette sculpture à son emplacement originel ?

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L’avenue Bourguiba sans Bourguiba n’a pas de sens. Si j’en ai la possibilité, j’organiserai le retour de sa statue.

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Propos recueillis par Samy Ghorbal

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