RD Congo : forte surveillance militaire après la suspension des pourparlers

Kinshasa était dans l’expectative dimanche, sous forte surveillance policière et militaire, après la suspension des pourparlers pour sortir de la crise politique en République démocratique du Congo, où le président Joseph Kabila achève son mandat mardi sans que son successeur ait été élu.

Le président congolais Joseph Kabila le 15 novembre 2016 à Kinshasa. © AFP

Le président congolais Joseph Kabila le 15 novembre 2016 à Kinshasa. © AFP

Publié le 18 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

En milieu de matinée, les barrages routiers nocturnes avaient été levés mais les forces de l’ordre étaient déployées en nombre dans certains bastions d’opposition ou quartiers chauds de cette mégapole de 10 millions d’habitants, selon des journalistes de l’AFP et des témoins.

« On attend de voir ce qui va se passer. Eux (les politiciens), ils sont bien, mais c’est nous, le petit peuple qui souffre », a déclaré Alphonse, contremaître dans une société de nettoyage, renvoyant dos-à-dos pouvoir et opposition.

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Les sportifs qui s’entraînent chaque dimanche au petit matin près de l’emblématique stade Tata-Raphaël étaient moins nombreux que d’habitude.

Les gens ont afflué normalement vers les églises dans ce pays qui compte environ 80 % de chrétiens et où la religion occupe une place importante.

La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection de M. Kabila en novembre 2011 lors d’un scrutin marqué par des fraudes massives. Aucune élection au scrutin direct n’a eu lieu depuis lors et la présidentielle qui devait se tenir cette année n’a pas été organisée.

Âgé de 45 ans, M. Kabila a accédé au pouvoir par succession héréditaire après l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, en 2001, avant d’être élu en 2006 lors des premières élections libres organisées dans le pays depuis son indépendance de la Belgique en 1960. La Constitution lui interdit aujourd’hui de se représenter.

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Samedi soir, les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ont annoncé la suspension des négociations qui se tenaient sous leur égide pour tenter de trouver un accord ouvrant la voie à une transition politique jusqu’à l’élection d’un successeur à M. Kabila, qui entend entretemps se maintenir au pouvoir.

Ces discussions de la dernière chance n’ont enregistré aucun progrès sur les points qui divisent le plus les deux délégations en présence : d’un côté la majorité et une frange minoritaire de l’opposition qui se sont entendues en octobre sur un partage du pouvoir, de l’autre une coalition rassemblée autour de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui rejette cet accord et exige la tenue de la présidentielle en 2017 et l’assurance que M. Kabila ne cherchera pas à briguer un nouveau mandat.

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– ‘Sens des responsabilités’ –

Appelés à Rome pour une visite au pape François prévue de longue date, les évêques ont quitté Kinshasa samedi soir et annoncé une reprise des négociations mercredi, après leur retour.

Le Rassemblement d’opposition constitué autour de M. Tshisekedi avait menacé de jeter la population dans les rues dès le 19 décembre en cas d’échec des négociations pour forcer M. Kabila à quitter le pouvoir.

Elle n’a cependant lancé aucun mot d’ordre public en ce sens après la suspension des discussions, alors que la communauté internationale, Occidentaux en tête, appelle avec insistance les deux parties à s’abstenir de mettre de l’huile sur le feu.

« Les gens attendent les conclusions de la Cenco ou que Tshisekedi parle », dit à l’AFP un responsable associatif dans un quartier populaire alors que des tracts circulent en ville rappelant que le mandat de M. Kabila « est fini » mardi et exhortant à reprendre Kinshasa « rue par rue, quartier par quartier (…) jusqu’à ce qu’on reprenne toute la RDC ».

Avant l’ouverture des négociations, les évêques avaient dit craindre que le pays ne sombre dans « une situation incontrôlable » faute d’accord politique.

La communauté internationale a formulé les mêmes inquiétudes.

L’ Union européenne, qui a annoncé lundi des sanctions financières contre sept responsables sécuritaires congolais qu’elle accuse de violations graves des droits de l’homme, a appelé dans la nuit « au sens des responsabilités de tous afin d’atteindre un accord qui reste à portée de main (…) pour permettre, dans les plus brefs délais, la tenue d’élections transparentes et crédibles ».

Les 19 et 20 septembre, une cinquantaine de personnes avaient été tuées à Kinshasa lors d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre en marge d’une manifestation « d’avertissement » au chef de l’État.

La RDC n’a connu aucune alternance démocratique depuis son indépendance.

État-continent de 70 millions d’habitants, l’ex-Zaïre a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003. L’immense majorité de la population vit dans la misère et ses conditions ne font qu’empirer avec la crise économique qui frappe le pays depuis 18 mois.

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