Torture au Tchad : des clés pour comprendre le procès
À procès exceptionnel, lieu exceptionnel. Pour accueillir les 21 accusés, la dizaine d’avocats et les centaines de victimes de la torture sous le régime Habré, le palais du 15-Janvier (ancien siège de l’Assemblée nationale) a été mis à la disposition de la cour criminelle de N’Djamena, le palais de justice étant trop exigu.
>> Lire aussi : Torture au Tchad : un procès pour l’Histoire
La DDS, c’était quoi ?
Le constat est de la commission d’enquête menée au nom du ministère de la Justice en 1992 : "De toutes les institutions oppressives du régime Habré, la DDS s’est distinguée par sa cruauté et son mépris de la vie humaine." La Direction de la documentation et de la sécurité a vu le jour en janvier 1983, huit mois après la prise de pouvoir de Habré. Elle devait s’occuper, au début, de la sécurité intérieure et extérieure du pays, et notamment contrecarrer les ambitions libyennes. Mais elle s’est vite transformée en véritable police politique.
La commission d’enquête estime que la plupart des assassinats perpétrés sous Habré l’ont été par la DDS (selon Human Rights Watch [HRW], 1 208 personnes ont été exécutées ou sont décédées en détention). Ses locaux ont vu passer des centaines d’hommes destinés à la mort et ont été le théâtre d’interminables séances de torture. Composée d’un millier d’agents et de près de 600 soldats, la DDS était directement rattachée à la présidence.
Ses directeurs ne rendaient des comptes qu’à Habré et étaient pour la plupart des Goranes comme lui. HRW a révélé que la DDS avait bénéficié de l’aide (matérielle et financière) de plusieurs puissances, dont la France, les États-Unis, l’Égypte et le Zaïre.
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