Tourisme : le Bénin peut-il devenir un nouveau Rwanda ?

Le président béninois, Patrice Talon, a lancé vendredi son Plan d’action gouvernemental pour les cinq années à venir. Les autorités veulent notamment faire du tourisme un important levier de croissance. Décryptage.

La piscine sur le toit de l’hôtel Myosotis à Cotonou, au Bénin, le 23 février 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

La piscine sur le toit de l’hôtel Myosotis à Cotonou, au Bénin, le 23 février 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

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Publié le 19 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

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Au Bénin, la démocratie se remet en jeu

Après la refonte du système politique engagée en 2019 par Patrice Talon, les législatives de janvier consacrent le retour de l’opposition au sein de l’hémicycle. Un cap qui, à trois ans des élections générales, devrait rendre sa vigueur à la démocratie béninoise.

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En cette fin d’après midi, le soleil déclinant éclaire magnifiquement le musée Honmè de Porto-Novo. Installé dans le palais des anciens rois de Hogbonou, la bâtisse ocre fut notamment la résidence du Roi Toffa, qui négocia le premier traité de protectorat avec la France en 1863. Le quartier dans lequel est situé le musée est considéré comme la vieille ville. C’est là que, selon la tradition, trois chasseurs yorubas venus du Nigeria, y ont créée la capitale administrative du Bénin.

C’est aussi dans ce quartier, le plus délabré et le plus pauvre de Porto-Novo, que les autorités veulent créer une des sept sites phares de leur plan de développement du tourisme, élément  central du large programme d’action gouvernemental (PAG) – 77 réformes et près de 300 projets – lancé en grande pompe le 16 décembre à Cotonou. Un programme qui est estimé à 9 000 milliards de francs CFA (environ 13,7 milliards d’euros). Mille sont déjà acquis et 60% seront financés par le privé.

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« Le tourisme est une niche pour la création d’emplois et la croissance. Notre potentiel est vraiment mal exploité », explique José Marie Pliya, directeur de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme qui chapeaute ce plan avec le gouvernement. Pour construire leur stratégie, les autorités béninoises se sont notamment inspirées du Rwanda. Le président Patrice Talon s’y est rendu deux fois, suivi par des équipes de l’agence nationale pour le tourisme. « Le Rwanda a ciblé quatre ou cinq projets. Le tourisme est aujourd’hui la première source du PIB alors qu’au Bénin elle n’est que de 0,7% », poursuit José Pliya.

Le Bénin a tellement été impressionné par le travail de Kigali qu’il a embauché la même agence pour plancher sur sa propre stratégie, Entrepreneurial Solutions Partners qui est basé au Rwanda et en Côte d’Ivoire.

« Commercialiser nos valeurs culturelles »

Sept sites ont été choisis pour devenir les produits phares de « la destination Bénin » parmi lesquels on peut citer le plus riche parc animalier de la Pendjari et le parc W, la cité historique de Ouidah, et la cité lacustre de Ganvié. Deux musés dédiés à la culture Vodoo seront créés sur les rives de l’Ouémé à Porto-Novo et à Abomey. « Nous allons commercialiser nos valeurs culturelles, investir massivement pour révéler au monde ce que nous avons de particulier », a appuyé le président Talon lors du lancement du PAG.

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Quatre stations balnéaires seront développées sur le parcours de la route des Pêches, longeant l’océan de Ouidah à Cotonou. La construction d’un nouvel aéroport international à Glo-Djigbé, à environ 40 km de la ville de Cotonou, et le désengorgement de Cotonou font partie intégrante de ce plan pour le tourisme. Le Bénin veut également miser sur le tourisme des afro-descendants en reconstituant les étapes de la route des esclaves.

Ce plan révélé par les autorités sonne le glas du projet de Route des pêches porté par l’ancien président Thomas Boni Yayi, jugé « pharaonique » par José Pliya. Il prévoyait la création d’une zone d’aménagement touristique, avec la construction d’hôtels (6 000 chambres), d’ensembles résidentiels (7 000 logements, entre villas et appartements), d’infrastructures de loisirs, de commerces, de transports et de services.

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621 milliards de F CFA sur cinq ans seront nécessaires à la mise en place de cette nouvelle stratégie touristique – 30% seront financés par le gouvernement, le reste par des acteurs privés et des partenaires. La banque mondiale a ainsi déjà accordé un financement de 50 millions de dollars pour le projet de Ouidah.

Un grand plan de communication à l’international est prévue pour 2019. À terme, les autorités béninoises espèrent créer quelques 130 000 emplois. Mais si les ambitions de Cotonou sont grandes, les résultats ne devraient pas se faire sentir avant quelques années. L’ensemble des projets ne devraient pas être achevés avant 2019.

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