L’argent des Africains : Fodé, attaché commercial dans une société de transfert d’argent en Guinée – 133 euros par mois
Cette semaine, la série l’argent des Africains vous fait découvrir Fodé*, Guinéen de 26 ans, attaché commercial d’une société de transfert d’argent. Combien gagne-t-il et comment dépense-t-il son argent ? Il nous a ouvert son portefeuille.
« Mon grand frère m’a beaucoup soutenu lorsque j’étais sur les bancs de la fac, donc aujourd’hui c’est à moi de contribuer. » Une phrase qui résume bien la façon de penser de Fodé : aujourd’hui attaché commercial, il aide financièrement ses cadets dans leurs études, comme avant lui son frère, lorsqu’il étudiait à l’université de Conakry.
Originaire de Kindia, à environ 135 km de Conakry où vit toujours une partie de sa famille, Fodé était parti de chez lui en vue d’obtenir une licence de droit public. Après l’obtention de son diplôme et une formation en gestion d’entreprise, il a intégré il y a un an et demi une société de transfert d’argent basée dans la capitale guinéenne.
Fodé travaille chaque jour de 9h à 17h et depuis six mois il est très souvent envoyé en mission dans l’arrière-pays. L’objectif de sa société étant d’élargir son réseau, le Guinéen se déplace dans le pays, à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux. Il propose de nouveaux produits et tente de signer des partenariats avec des agences locales.
Pour ce travail qu’il affectionne, Fodé fait également du suivi de clientèle : « Je me charge du suivi, pour être sûr que les transactions effectuées par nos clients soient réalisées en temps et en heure », car « si un client n’est pas satisfait, il ne reviendra pas » assure-t-il à Jeune Afrique.
Salaire mensuel moyen : 1 300 000 francs guinéens, soit 133 euros
Fodé touche en moyenne 1 300 000 francs guinéens par mois, soit 133 euros. Le jeune Guinéen, « issu d’une très grande famille », vit dans la maison familiale de son grand-père à Conakry, où vivent également un de ses frères et une sœur ainsi que ses cousins. Une situation qui présente l’avantage de l’exonérer de loyer.
Pour se rendre au travail, il utilise une moto de fonction que son employeur lui a fournie l’an dernier. Les frais d’essence sont également pris en charge par ce dernier. Un vrai plus pour Fodé, qui dépense cinq euros chaque mois en recharge téléphonique, nécessaire à l’exercice de son métier.
Chaque mois, ses dépenses en eau et alimentation pour ses repas du matin et du midi s’élèvent à environ 31 euros. Le soir, toutes les générations se retrouvent autour du dîner préparé par la famille durant la journée. Pour Fodé, c’est un moment privilégié qu’il aime partager avec ses cousins.
La moitié du salaire pour aider famille et amis
Fodé consacre environ 67 euros chaque mois pour aider ses proches. Il envoie vingt-huit euros pour payer les frais de scolarité de ses frères au collège et au lycée, ainsi que pour le transport de son frère et de sa sœur à la fac. « C’est une obligation morale » pour le jeune homme de 26 ans.
Il envoie aussi 24 euros pour subvenir aux besoins de sa mère, restée à Kindia, et garde 15 euros pour aider ses amis de Conakry en cas de besoin. « Avec mes amis du quartier on se soutient, s’ils sont aux chômage ou s’il leur manque à manger », par exemple.
Malgré les aides qu’il verse, Fodé arrive presque chaque mois à épargner un peu d’argent, environ 21 euros. Mais cette réserve peut également servir en cas d’imprévu, comme l’achat de médicaments.
Une dizaine d’euros pour les week-ends
Le soir quand il rentre du travail, Fodé va presque tous les jours jouer au foot avec ses amis du quartier. Exception faite des soirs de Ligue des Champions, « surtout si c’est le Barça, nôtre équipe favorite, qui joue ».
Le week-end, le jeune homme ne va jamais en boîte de nuit, qu’il « n’aime pas du tout », mais préfère sortir au restaurant avec ses amis. « Deux ou trois fois par mois, on se retrouve ensemble avec les amis, pour parler de l’avenir, de nos projets. Mais sans jamais dépenser plus de sept euros ».
Des projets
Fodé ne manque pas de projets, comme celui d’être son propre patron. Il y a un an, il a tenté de monter une affaire avec une marque de téléphonie pour devenir l’un des distributeurs agréés et avoir sa boutique. Mais la somme demandée étant beaucoup trop élevée pour lui, il a été obligé de mettre le projet entre parenthèses.
Avant de retenter sa chance, il souhaiterait d’abord approfondir ses études à l’étranger : « J’aimerais obtenir une bourse de voyage pour faire un master à l’étranger pendant deux ans puis revenir au pays. Des amis sont partis directement après la fac faire un master à l’étranger, et aujourd’hui ils ont de meilleurs emplois. »
Parfois, il rend aussi des petits services. « Certains ont peur de se faire avoir au grand marché (de Conakry). S’ils souhaitent un téléphone par exemple, ils me connaissent et savent que je travaille dans le milieu, donc qu’ils auront le bon prix ». Des petits coups de main qui peuvent lui rapporter quelques euros.
*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.
___________________
Si vous souhaitez participer à notre série, écrivez-nous à argentdesafricains@jeuneafrique.com
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?