« L’Afrique est-elle si bien partie ? » : et il est comment le dernier Sylvie Brunel ?

Sylvie Brunel nuance l’enthousiasme autour de la croissance de l’Afrique. © OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP

Sylvie Brunel nuance l’enthousiasme autour de la croissance de l’Afrique. © OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP

JAD20220711-Tribune-RDC-Gécamines-StéphaneBallong Stéphane Ballong
© Vincent Fournier pour JA

Publié le 1 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Après L’Afrique noire est mal partie, pamphlet publié en 1962 par l’agronome français René Dumont qui, au lendemain des indépendances, venait tempérer l’euphorie ambiante en portant une critique acérée sur les premières turpitudes des États africains ; après Et si l’Afrique refusait le développement ?, l’essai tout aussi polémique de la Française d’origine camerounaise Axelle Kabou, sorti en 1991, voici, dans la même veine, L’Afrique est-elle si bien partie ?

Signé Sylvie Brunel, géographe et économiste française, l’ouvrage se veut à rebours de l’optimisme parfois exagéré qui entoure, depuis quelques années, l’émergence économique de l’Afrique. Au moment où les experts en tout genre et les institutions internationales rivalisent de superlatifs pour qualifier la croissance économique du continent, sa classe moyenne naissante, l’ancienne patronne de l’ONG Action contre la faim leur oppose la thèse de "la croissance sans développement" défendue par l’économiste ghanéen George Ayittey, l’ampleur de la pauvreté qui frappe toujours une majorité d’Africains ou encore le "concept flou" que représente ladite classe moyenne. "Jamais l’Afrique n’a été plus inégale, écrit-elle d’entrée. Redistribuer, créer de l’emploi et des opportunités à ces milliers de jeunes filles et de jeunes hommes qui arrivent chaque année sur le marché du travail… est un impératif pour l’Afrique… Car l’accaparement des richesses par quelques-uns seulement risque de devenir un poison mortel…"

la suite après cette publicité

Brunel rappelle là une évidence : plus que jamais les choix actuels des dirigeants africains détermineront l’avenir du continent. Spécialiste des questions de développement, l’auteur de L’Afrique. Un continent en réserve de développement (2004) met, il faut le reconnaître, le doigt sur les tares des économies africaines. Mais elle n’apporte, cette fois-ci, rien de nouveau aux analyses produites par d’autres spécialistes avant elle et enfonce, au fil des pages, des portes ouvertes. Résultat, son livre n’a point la force de ceux de René Dumont ou d’Axelle Kabou qui, à leurs époques respectives, avaient provoqué des débats passionnés. L’Afrique est-elle si bien partie ? a toutefois un mérite : il pose la question de la durabilité de l’embellie observée en Afrique au cours de la dernière décennie. En cela, il est utile.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires