Tchad : pour Mahamat Mahdi Ali du Fact, « seule la force fera partir Déby »

Voilà neuf mois que Mahamat Mahdi Ali a annoncé la création d’une nouvelle rébellion, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact). Issue d’une scission au sein de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri, elle est considérée comme le plus actif des groupes armés tchadiens.

Mahamat Mahdi Ali. © DR

Mahamat Mahdi Ali. © DR

Publié le 21 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Depuis la Libye, où il affirme se trouver, ce Gorane de 47 ans dénonce l’attaque des troupes du général Haftar contre une de ses bases et assure être neutre dans le conflit libyen, bien qu’il soit considéré par nombre d’observateurs comme proche du camp de Misrata, en guerre contre Haftar.

Alors que le climat social est tendu à N’Djamena, il soutient que son objectif reste de faire tomber Idriss Déby Itno et de mettre fin à « un régime anarchique ». Une menace jugée sérieuse par les autorités tchadiennes.

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Jeune Afrique : Dans un communiqué, vous affirmez avoir subi le 10 décembre une « agression abjecte et gratuite de la part des forces aériennes de Khalifa Haftar ». Que s’est-il passé ?

Mahamat Mahdi Ali : La base opérationnelle du Fact se trouve dans la région de Tanoua au Tchad, mais nous disposons aussi d’un centre d’entraînement situé dans le Djebel Saoudah, dans le sud de la Libye. Nous avons toujours dit que les problèmes internes aux Libyens ne nous intéressaient pas.

Nous avons exposé notre position à maintes reprises auprès des émissaires qui sont venus, aux noms des différents belligérants, nous demander de nous battre avec eux, y compris ceux de Haftar. C’est une position de principe et de bon sens : nous sommes des rebelles tchadiens, nous n’avons aucune raison de nous mêler des problèmes libyens.

Or le 10 décembre, notre centre d’entraînement a été attaqué par des avions du général Haftar. Un de nos hommes est mort, et deux autres ont été blessés. Nous pensions qu’il s’agissait d’une erreur au début, jusqu’à ce que l’entourage de Haftar affirme que le but était d’anéantir toute rébellion susceptible de déstabiliser un État voisin.

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Combien d’hommes s’entraînent sur cette base ?

350.

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Dans le même communiqué, vous évoquez la collusion entre Déby et Haftar. Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?

C’est assez clair. Il y a concomitance entre cette attaque et la visite à N’Djamena du conseiller aux Affaires africaines du parlement de Tobrouk, Abdel Mounime Aboussafeyta. Et il y a les déclarations de l’entourage de Haftar.

Quelle sera votre réaction ? Allez-vous prendre officiellement position dans le conflit libyen ?

Non. Nous n’avons aucun intérêt à faire cela. Le conflit libyen est un vrai bourbier, et nous pensons que la solution se trouve dans le dialogue. Cela ne veut pas dire que nous restons les bras croisés : nous nous opposons aux groupes comme l’État islamique qui nient les droits de l’Homme. Notre présence est un rempart à leur avancée vers le sud libyen. Mais notre combat, c’est le Tchad.

Votre mouvement a été créé en avril dernier, quelques jours avant l’élection présidentielle. Qu’avez-vous fait depuis ?

Au début, nous espérions qu’il y aurait une alternance politique à l’issue de l’élection présidentielle. Mais on savait bien que Déby ne lâcherait pas le pouvoir. On a vu le résultat : le vrai vainqueur a été volé de sa victoire, les urnes ont été bourrées, les militants de l’opposition ont été intimidés…

Le régime a également tenté de diviser notre mouvement. Seule la force fera partir Déby, c’est notre conviction. Lentement mais sûrement, nous nous préparons donc pour atteindre notre objectif.

Quel est-il ?

Provoquer l’alternance. Il faut mettre fin à ce régime anarchique dominé par un petit groupe d’hommes. Nous n’avons pas d’ambitions personnelles. Nous ne nous battrons pas pour conserver le pouvoir. Ce n’est plus possible, de nos jours, de prendre le pouvoir avec quelques 4×4 et de le garder. La jeunesse tchadienne a évolué, comme les jeunesses des autres pays.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous comptons environs 700 combattants, tous des Tchadiens. Et nous disposons des armes nécessaires.

Êtes-vous en contact avec des responsables politiques tchadiens ?

Oui, pour ceux qui sont en exil. Concernant ceux qui sont au pays, je ne peux pas l’affirmer.

Quelles sont vos relations avec Mahamat Nouri, le chef de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), un mouvement dans lequel vous avez occupé une place importante ?

Nous avons rompu. En 2015, il m’avait envoyé en Libye pour réorganiser nos bases. Début 2016, il m’a destitué suite à un désaccord et a nommé quelqu’un d’autre à ma place. Mais je ne ferme aucune porte.

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