Sénégal : à Dakar, ils ont rajeuni les jeudis

Dans la commune populaire de Ouakam, la maison des Petites Pierres sert de QG à un collectif d’artistes pluridisciplinaires. Plongée dans le Dakar underground.

Erwan Le Vigoureux (à dr.) sur la terrasse de la villa 118, cité Comico. © Sylvain Cherkaoui/Pour J.A.

Erwan Le Vigoureux (à dr.) sur la terrasse de la villa 118, cité Comico. © Sylvain Cherkaoui/Pour J.A.

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Publié le 10 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

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Au détour d’une ruelle de la commune populaire de Ouakam se dresse une étrange bâtisse. Avec ses murs colorés, ses tags et un taxi-brousse miniature surplombant sa porte d’entrée, la villa 118 de la cité Comico se repère de loin. C’est dans cette maison que, depuis 2008, l’association Les Petites Pierres a pris ses quartiers. Collectif d’artistes pluridisciplinaires, incubateur culturel et pépinière de jeunes talents, celle-ci s’est progressivement imposée comme un acteur majeur de la scène alternative dakaroise.

Encourager les artistes locaux, petite pierre par petite pierre

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Créée par Erwan Le Vigoureux et Maya Varichon, deux Français installés à Dakar, la structure a pour ambition d’encourager les dynamiques artistiques locales et de "changer le monde, petite pierre par petite pierre". Toutes les semaines, la maison de l’association organise différents événements – concerts, expositions, conférences, soirées… – mettant en avant la culture underground. Les artistes locaux s’y produisent aux côtés d’étrangers, avec en toile de fond l’idée d’échange et de dialogue culturel. "C’est un lieu à part, différent de ce qui se fait ailleurs dans la capitale. J’apprécie cet esprit alternatif, qui favorise la création artistique", souligne Stephen Staz, musicien du groupe I Science et habitué des Petites Pierres, où il a enregistré une partie de son premier album.

Autre credo de l’association : populariser l’art et faire descendre la culture dans la rue. Depuis 2012, Les Petites Pierres organisent le festival Interférence, en marge de la célèbre biennale de Dakar. "Nous avons constaté que la biennale était réputée, mais trop élitiste, explique Erwan Le Vigoureux. On ne la "sentait" pas dans la ville. Nous avons donc décidé de créer un événement plus populaire, plus participatif." À mi-chemin entre démarche artistique et action sociale, le festival propose par exemple aux habitants de repenser leur environnement urbain : embellissement et réhabilitation de vieux espaces délaissés, sensibilisation à l’écologie et campagnes de nettoyage citoyen, ou encore prise de parole publique animée par des slameurs.

Les Petites Pierres se sont aussi fait un nom avec leurs fameuses Soirées du jeudi, où l’on croise tout ce que Dakar compte d’artistes, de musiciens, de photographes et de créateurs en tout genre. Organisés dans la maison de l’association, ces rendez-vous hebdomadaires peuvent attirer jusqu’à 200 personnes – qui entrent "gratuitement, mais sur mot de passe, juste pour le fun", précise en souriant le patron des lieux. Sénégalais, expatriés et étrangers de passage s’y mêlent dans une ambiance cosmopolite lors des spectacles de danse, des concerts, des DJ sets ou des expositions, mettant aussi à profit ces moments festifs pour faire du "réseautage" artistique.

Le QG du microcosme culturel dakarois

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Au coeur de Ouakam, sorte de Soho sénégalais où une flopée d’artistes a élu domicile ces dernières années, la maison des Petites Pierres est devenue le QG du microcosme culturel dakarois. Outre l’effet de concentration, les avantages du quartier sont nombreux. "Il règne ici un esprit "village", avec des petites maisons, et même des potagers ! Les loyers sont abordables, la mer n’est pas loin et le centre-ville accessible en quelques minutes de voiture", énumère Erwan Le Vigoureux.

Avec ses compères, ce grand brun dynamique compte encore développer l’association, notamment en pérennisant des programmes de résidence. "Nous avons plusieurs projets concernant la maison, pour qu’elle devienne un espace réellement habité et plus uniquement animé les jeudis soirs, confie-t-il. Nous étudions différentes options, comme l’installation d’une galerie, d’un studio ou d’un restaurant." Avec ou sans habitants permanents, une chose est sûre : le drôle de foyer artistique de la cité Comico n’est pas près de fermer ses portes.

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