Sénégal : à l’école dakaroise du surf

Les spots de surf dakarois attirent des centaines de touristes, mais aussi de nombreux Sénégalais, devenus des as de la glisse.

Sur la plage du Virage, en 2014 © Youri Lenquette/Pour J.A.

Sur la plage du Virage, en 2014 © Youri Lenquette/Pour J.A.

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 3 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

La scène remonte à 1964. Deux jeunes surfeurs américains, Mike Hynson et Robert August, découvrent la célèbre vague de Ngor, petit village de pêcheurs de la presqu’île de Dakar. Sur la rive, un troisième homme, Bruce Brown, filme cet instant inédit. Il immortalise leur prestation dans un documentaire érigé depuis au rang de "monument de l’histoire du surf" : The Endless Summer. Un demi-siècle plus tard, Dakar et ses environs figurent parmi les spots de surf les plus réputés d’Afrique de l’Ouest.

Ngor, donc, mais aussi Yoff, les Almadies ou Ouakam sont autant de terrains de jeu pour les amateurs de glisse. Chaque jour, matin et soir, des dizaines de Sénégalais et d’expatriés s’y jettent à l’eau pour affronter des rouleaux pouvant atteindre jusqu’à 5 m de haut. La majorité sur des planches de surf classiques, d’autres en bodyboard (planche plus courte, utilisée en position allongée) et quelques-uns en paddle (avec une pagaie).

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épaules carrées

"La meilleure saison s’étale de septembre à janvier, mais nous avons la chance d’avoir des vagues toute l’année", s’enthousiasme John, un Français assis au bar du bien nommé Surfer’s Paradise, une école de surf du quartier cossu des Almadies. Planté au bord de l’océan Atlantique, ce complexe accueille toutes les semaines enfants et adultes souhaitant découvrir la discipline.

La structure est tenue par Oumar Seye, ancien surfeur professionnel sénégalais. Après avoir fait le tour du monde et avoir longtemps résidé à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, ce géant aux épaules carrées est revenu à Dakar, sa ville natale, en 2011. Il y a ouvert son école de surf et une boutique Rip Curl, son ex-sponsor, avec lequel il a lancé le Rip Curl West Africa Tour. "J’ai développé ce complexe pour attirer les jeunes prometteurs et les former", explique-t-il. Parmi eux : Cherif Fall, 18 ans, originaire de Ngor, que son mentor décrit comme "le meilleur jeune surfeur du Sénégal".

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Vainqueur de l’épreuve en 2014, Cherif participe aussi chaque année aux compétitions organisées par la Fédération sénégalaise de surf, qui compte 370 licenciés. Outre une poignée d’écoles comme celle d’Oumar, Dakar compte aussi quelques "surfcamps". Ces centres accueillent surtout des touristes qui souhaitent allier sport et découverte du pays. L’un des plus renommés est situé sur la paisible petite île de Ngor, à 800 m du village éponyme.

Malgré le manque de moyens, le niveau s’est fortement élevé ces dernières années.

C’est là, au milieu d’une végétation luxuriante, que le Danois Jesper Mouritzen a ouvert son Ngor Island Surfcamp il y a cinq ans. Organisée autour d’un espace de vie commun, la maison compte plusieurs chambres et un dortoir. Sur la terrasse sont entassés des planches et du matériel de surf. Pas d’électricité sur l’île, un petit générateur fournit donc ce qu’il faut pour recharger portables et appareils photo.

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Bluffé par le talent des jeunes Sénégalais

Jesper peut accueillir jusqu’à vingt hôtes par semaine en haute saison, auxquels il propose des séjours tout compris, combinant demi-pension et cours de surf, ainsi que circuits touristiques. "Nous recevons des Européens, en particulier des Français et des Scandinaves, précise-t-il. En général, ils viennent ici pour changer d’air et restent entre dix et quinze jours."

Comme certains de ses clients, le surfeur-entrepreneur danois se dit parfois bluffé par le talent de jeunes Sénégalais autodidactes croisés dans la baie de Ngor : "Ils regardent les vidéos de pros sur internet et répètent les mêmes gestes. Malgré le manque de moyens, le niveau s’est fortement élevé ces dernières années." Cinquante ans après le tournage de The Endless Summer, Hynson et August ont visiblement trouvé leurs successeurs. Quant à Dakar, elle s’est bel et bien imposée comme l’un des plus beaux spots du surf africain.

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