Les hépatites, des maladies « africaines »

Pourquoi africaines ? D’abord par leur prévalence : moins de 2 % de la population en Europe contre 7% à 8% en Afrique du Nord et 10% à 15% au sud du Sahara.

A Kinshasa, au Congo, en juillet 2016 © Jerome Delay/AP/SIPA

A Kinshasa, au Congo, en juillet 2016 © Jerome Delay/AP/SIPA

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  • Edmond Bertrand

    Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine

Publié le 6 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

Africaines aussi parce que la faculté de Dakar a collaboré avec celle de Tours pour établir les évolutions possibles des hépatites et créer un vaccin. Ces travaux ont concerné l’hépatite B ; nous allons voir qu’il y en a d’autres. Toutes les hépatites sont des lésions du foie.

Ce gros organe (1,5 kg) est une usine d’intérêt vital qui contrôle les métabolismes des graisses, du sucre, de la coagulation et joue un rôle dans l’immunité. D’autres causes que les virus peuvent créer des hépatites, comme des bactéries, des parasites, des toxiques, surtout l’alcool. Par chance, le diagnostic et le stade évolutif des hépatites à virus peuvent être obtenus avec une simple prise de sang.

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Le virus de l’hépatite B (VHB) est particulièrement dangereux. Il est présent dans le sang des malades et dans leurs liquides corporels (salive, sperme, sécrétions vaginales). Il se transmet par les transfusions, par le matériel médical non stérilisé (lors d’injections, de tatouages ou de piercings), mais aussi par voie sexuelle ou de la mère à l’enfant au cours de l’accouchement.

La maladie commence par une phase aiguë avec fièvre, jaunisse (ictère), douleurs diffuses… À ce stade, la guérison est fréquente, mais des formes « fulminantes » (1 % à 2 %) peuvent être mortelles. Parfois, la guérison n’est qu’apparente, le VHB reste présent et est responsable d’une évolution chronique dont la fréquence est inversement proportionnelle à l’âge (de 90 % chez le bébé à 20 % chez l’adulte) ; cette phase peut conduire à la cirrhose, puis au cancer du foie.

Des médicaments sont actifs sur le VHB ; cependant, certaines évolutions nécessitent la greffe d’un foie sain. Incontestablement, la meilleure protection contre cette affection est le vaccin anti-VHB, efficace et sûr dès le plus jeune âge. Prévenir, c’est aussi veiller à la protection des relations sexuelles et à la stérilité des matériels médicaux.

Le virus de l’hépatite C (VHC) est lui aussi redoutable. Il est en outre sournois, car les signes de la phase aiguë passent souvent inaperçus, et le diagnostic est fait beaucoup plus tard au stade chronique. Le VHC est présent dans le sang des malades ; sa transmission se fait par les transfusions de produits sanguins ou par des injections faites avec du matériel non stérile. Le VHC se transmet aussi par voie sexuelle et de la mère à l’enfant.

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Nous ne disposons pas encore, hélas, d’un vaccin actif sur le VHC. Cependant, on a fait de grands progrès ces dernières années en matière de médicaments, au point qu’on parle maintenant de « guérison » possible. Très bien… Mais un seul traitement actif coûte, en France, environ 50 000 euros (plus de 30 millions de F CFA). Il faudra donc une puissante action internationale pour que les malades africains puissent eux aussi en bénéficier. Récemment, un laboratoire algérien a proposé un traitement dix fois moins cher. Évidemment, il faudra s’assurer que la sécurité et l’efficacité seront garanties.

Le virus de l’hépatite A (VHA) est moins dangereux. Il se trouve dans le tube digestif et les selles. La maladie comporte fièvre, ictère, signes de « grippe » et signes de troubles digestifs (diarrhées, vomissements). Elle guérit spontanément en deux à huit semaines et n’évolue pas vers la chronicité. La forme fulminante est exceptionnelle.

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Le VHA se transmet par l’absorption d’aliments contaminés par des selles ou par les mains mal lavées après la toilette. On dispose de traitements utiles mais non décisifs. Mais on peut se protéger grâce à des règles d’hygiène simples et surtout grâce à un vaccin efficace et sûr.

Le virus de l’hépatite E (VHE) est moins connu. Il se transmet par l’absorption d’aliments et surtout de viande contaminés, ou par le contact avec des selles de malades porteuses du virus. En Afrique, on a signalé des formes graves au cours du troisième trimestre de la grossesse et des complications obstétricales. La prévention est obtenue par une hygiène correcte des mains et par une bonne cuisson des viandes. Il existe un vaccin, commercialisé en Chine uniquement.

L’Afrique a contribué à l’étude des hépatites. Actuellement, ce sont des maladies qu’il faut surveiller attentivement. À l’avenir, elles bénéficieront de mesures de prévention plus rigoureuses, de l’extension des vaccinations et aussi de nouveaux traitements.

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