Alcool : la Tunisie championne toutes catégories de la consommation régionale
Le passage des islamistes tunisiens au pouvoir et l’augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées n’ont pas empêché la Tunisie de devenir le premier consommateur de la région.
La Tunisie marche-t-elle sur la tête ? Si 82 % des Tunisiens réprouvent la consommation d’alcool, selon une enquête publiée en avril 2013 par le Pew Research Center, ses ventes ne se sont jamais aussi bien portées. L’arrivée des islamistes sur la scène politique a certes renforcé le tabou portant sur ce type de boissons, mais le pays a été classé premier consommateur maghrébin et quatrième consommateur dans le monde arabe sur l’année 2010 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une vraie poule aux oeufs d’or pour l’État, qui a renfloué ses caisses au passage en augmentant les taxes – jusqu’à 70 % du prix de vente désormais -, alors même que l’article 317 du code pénal, qui date de la période coloniale, prévoit quinze jours de prison et une amende pour qui vend de l’alcool à un musulman… Et dans les faits ? "En fin de journée et le vendredi, le bar ne désemplit pas", témoigne un tenancier à Lafayette, un quartier du centre de Tunis.
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20px;" alt="" src="https://www.jeuneafrique.com/photos/112014/024112014141034000000JA2811p024_info.jpg" />Autre illustration de cet engouement pour les boissons alcoolisées, les excellentes performances de la Société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT), productrice des principales bières vendues sur le territoire, qui la hissent au premier rang des capitalisations boursières du pays. Le vendredi ou pendant le ramadan, périodes durant lesquelles la vente d’alcool est strictement interdite, ce sont les filières clandestines qui se taillent la part du lion. À tel point que le ministère de la Santé a alerté la population sur les risques liés à la consommation d’alcools obtenus artisanalement par la fermentation de déchets de sucre de bois contenant du méthanol.
Pas vu, pas pris
Cette dichotomie entre théorie – religieuse ou législative – et pratique quotidienne s’illustre dans toutes les couches de la société. Mahmoud, un consommateur régulier qui a ses habitudes dans le quartier d’El-Mourouj, s’assure ainsi d’être en règle avec Dieu : "Je ne prie jamais après avoir bu une bière sans avoir fait les grandes ablutions purificatrices." Dans les mariages, où buveurs et non-buveurs partageaient auparavant la même table, une séparation a été instaurée… Mais pas question d’exclure l’alcool de la fête ! Le vin est désormais servi dans un gobelet en plastique entouré d’une serviette en papier… pas vu, pas pris.
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"Il ne faut pas s’en étonner, remarque le psychiatre Zine el-Abidine Ennaifer. Tout se cloisonne : dans ces mêmes réunions familiales, hommes et femmes font espace à part alors que la mixité était la norme autrefois. Pour l’alcool, finalement, on ne condamne pas la consommation directement, mais les postures qu’elle suscite."
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