Moi, Abdoulaye Diallo, migrant de passage à Gao, j’ai quitté la Guinée avec 152 euros pour l’Europe

L’Office international des migrations estime à 1500 le nombre d’hommes et de femmes qui passent par Gao chaque mois pour rejoindre l’Europe via l’Algérie. Abdoulaye Diallo est l’un d’entre eux. Il nous raconte son périple depuis la Guinée, sans trop savoir ce qui l’attend.

Des migrants arrivant sur l’île italienne de Lampedusa. © Mauro Buccarello/AP/SIPA

Des migrants arrivant sur l’île italienne de Lampedusa. © Mauro Buccarello/AP/SIPA

Publié le 28 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

« Je m’appelle Abdoulaye Diallo. Je suis né à Nobé, dans la région de Mamou, en Guinée. J’ai 21 ans, et je veux aller en Allemagne ou en Italie pour travailler, gagner beaucoup d’argent et revenir au pays afin d’ouvrir un magasin de commerce et aider ma famille.

Je suis arrivé à Gao le 23 décembre et j’attends de pouvoir partir en Algérie.

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Tout a commencé le 16 décembre, à Kourémalé [dernier poste frontière entre la Guinée et le Mali, ndlr]. Mon père m’avait accompagné là [à 550 km de chez eux] et, avant la frontière, il a changé 1,8 millions de francs guinéens (152 euros) en francs CFA avant de me remettre cette somme. Puis il m’a dit que l’espoir de la famille reposait sur mes épaules. Je lui ai dit au revoir.

Comme je ne suis pas malien, j’étais obligé de payer 1 000 F CFA à chaque contrôle.

Après la frontière, du côté malien, j’ai pris un minibus et j’ai roulé vers Bamako [125 km, ndlr].

À Bamako, j’ai dormi dans la cour d’une gargote en attendant que d’autre migrants guinéens me rejoignent pour continuer la route. Je payais 250 F CFA chaque nuit, 25 à 50 FCFA à chaque fois que je voulais aller aux toilettes.

Quatre jours plus tard, un autre Guinéen est arrivé. Je lui ai proposé de faire la route ensemble et il a accepté. Nous avons pris le bus pour Gao [1 200 km au nord de Bamako].

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Le chemin a été long. Les premiers contrôles de routes et tracasseries de police ont vite commencé. Comme je ne suis pas malien, j’étais obligé de payer 1 000 F CFA à chaque poste de contrôle sur la route. Et 150 km avant d’arriver à Gao, notre bus est tombé en panne.

On a passé deux nuits sur la route avant qu’il ne soit réparé. Pendant la nuit, le froid me réveillait. Heureusement que les responsables du bus laissaient le feu allumé. Je m’en approchais pour me réchauffer jusqu’au matin.

Mon rêve, c’est d’aider mon père.

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Je suis à Gao depuis le 23 décembre. Quand je suis arrivé à la gare, j’ai été contacté par un homme qui m’a expliqué qu’il pourrait m’amener chez quelqu’un qui pourra m’aider à aller en Algérie. Maintenant j’attends de ses nouvelles.

Mon père m’appelle sans cesse pour prendre de mes nouvelles. Moi, je n’ai pas fait de grandes études. J’ai préféré quitter l’école pour prendre le chemin de l’exil. Mon père est âgé, il a 75 ans et il n’a pas d’argent. C’était difficile de voir les autres amis bien habillés. Ils arrivaient sur des motos à l’école, alors que moi, j’avais du mal à avoir des tenues pour aller en classe. Face à cette situation, j’ai décidé de quitter la famille pour aller travailler en Europe.

Mon père me soutient beaucoup et m’encourage à supporter les difficultés de la route. Mon rêve, c’est d’aider mon père. »

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