Les 3 messages d’Abdelmalek Sellal aux Algériens sur l’état de santé de leur économie
Le Premier ministre algérien a annoncé ce mercredi la mise en place à partir de 2017 d’un nouveau modèle de croissance. Objectif : diversifier l’économie sans toucher aux aides sociales versées par l’État.
1h10 minutes. C’est le temps qu’a passé le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal mercredi 28 décembre à rassurer ses compatriotes sur la situation économique de leur pays, ébranlé par la crise pétrolière. « Tout est sous contrôle », a-t-il assuré à la télévision.
En 2017, selon lui, l’Algérie sera engagée dans un nouveau modèle de croissance qui va s’étaler jusqu’en 2019, et qui devrait permettre au pays de sortir du « tout pétrole » pour évoluer vers le « tout industrie ». « Le pétrole nous aidera encore à nous développer, mais il ne sera pas la base de notre développement , a encore assuré le Premier ministre, pour qui, dans deux ans, l’Algérie pourra alors « rejoindre les rangs des économies émergentes ».
Voici ses trois messages-clés aux Algériens.
La situation économique va s’améliorer
Placée sous le signe de « la rationalisation » et non de « l’austérité », la loi de Finances pour 2017 a été élaborée sur la base d’un baril de pétrole équivalent à 50 dollars, un taux de croissance de 3,9% (alors que le FMI prévoit 2,9%) et d’une inflation de 4%.
« Ce ne sont pas des paroles en l’air », tient à souligner Abdelmalek Sellal. Les études « d’experts indépendants » ont montré que les cours du pétrole ont repris leur hausse. De ce fait, les revenus liés aux exportations d’hydrocarbures devraient passer de 27,5 milliards de dollars en 2016 à 35 milliards de dollars en 2017 et même à 45 milliards en 2019.
Toutefois, « le pays ne dormira sur ses lauriers », a-t-il prévenu. Il fera très attention à ses dépenses de fonctionnement, légèrement en baisse par rapport à 2016, à 4,6 milliards de dinars.
Parallèlement, et c’est là que le bât blesse, le gouvernement algérien a choisi de baisser le budget d’équipement. Il devrait passer de 3,17 milliards de dinars en 2016 à 2,29 milliards en 2017. En principe, en période crise, l’augmentation de ce budget sert à dynamiser l’économie d’un pays et à créer de l’emploi.
Le gouvernement algérien semble donc plus préoccupé par le fait de faire des économies que par celui d’investir. Et ce même si sa dette extérieure, qui ne dépasse pas les trois milliards de dollars, lui donne amplement de la marge pour de futurs emprunts. « L’année prochaine, on peut se diriger vers un endettement, mais léger, pour financer les projets », fait d’ailleurs remarquer Sellal.
Les subventions sociales seront maintenues
Sur le front social, malgré la hausse de la TVA sur certains produits de consommation (carburants, produits importés, etc.), le Premier ministre algérien a assuré que la politique de son gouvernement aurait toujours le souci des classes sociales les plus fragiles. « Nous sommes une république démocratique et sociale », a-t-il affirmé. Les subventions sociales − ou « transferts sociaux − ne seront pas touchées. Leur part dans le budget de l’État devrait même connaître une légère amélioration : 23,7% contre 23,1% cette année. Un chiffre record, selon Sellal, comparativement à la Tunisie (5%) et au Maroc (4,9%).
Même s’il regrette que « les Algériens se soient habitués à la rente », il ne veut pas les bousculer. Le changement viendra doucement, dit-il, pas avec la fin des subventions généralisées et la mise en place d’un ciblage des subventions, comme le réclament certains économistes.
Il prévoit des mesures progressives, qui pour certaines sont déjà en vigueur telle la tarification par tranches dans les factures d’eau et d’électricité ou l’exonération du Sud algérien du paiement de l’électricité. « Croyez-moi, le ciblage direct des subventions publiques est très compliqué à mettre en oeuvre », jure Sellal.
Diversifier l’économie et créer des industries exportatrices
Toute l’attention du gouvernement algérien sera tournée vers la création d’un marché industriel diversifié capable de sortir le pays de la domination « d’une Sonatrach, mère nourricière de l’Algérie ». Matériaux de construction, sidérurgie, automobile… Le pays de Bouteflika veut créer des industries dans tous les domaines capables satisfaire sa demande interne et d’exporter vers l’Afrique, « son marché naturel ».
La Sonatrach est, elle-même, en train de muter vers un groupe pétrochimique, assure Sellal. « Les exportations d’hydrocarbures bruts n’ont plus de valeur ajoutée. Il faut les fabriquer sur place avant de les exporter comme font les Saoudiens », explique-t-il. Des négociations dans ce sens sont actuellement en cours entre le mastodonte pétrolier et des entreprises saoudiennes et émiraties.
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