RD Congo – Moïse Katumbi : « Je remets mon cas entre les mains des évêques »

L’accord politique trouvé samedi soir à Kinshasa ne règle pas le sort de l’opposant Moïse Katumbi, condamné à trois ans de prison et inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État. Mais l’ex-gouverneur et candidat déclaré à la présidentielle reste « confiant ». Il nous a confié ses impressions au moment où l’accord était signé.

L’opposant congolais Moïse Katumbi, le 5 juillet 2016 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

L’opposant congolais Moïse Katumbi, le 5 juillet 2016 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 1 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

« En gentleman et en patriote, Moïse Katumbi a sacrifié sa personne en demandant à ce que son cas ne bloque pas l’issue du dialogue, pour l’intérêt supérieur de la nation ». Félix Tshisekedi a confirmé, samedi 31 décembre, le rôle joué, dans l’ombre, par l’ex-gouverneur du Katanga pour que les protagonistes parviennent à un accord. D’autant que le sort de ce dernier (Katumbi a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble et inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État) a longtemps constitué l’un des blocages majeurs des négociations.

Jeune Afrique : L’accord politique signé à l’issue des pourparlers directs entre votre camp, le Rassemblement, et celui du président Joseph Kabila n’a pas résolu la problématique de votre retour en homme libre en RD Congo. Qu’est-ce qui s’est passé ?

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Moïse Katumbi :Les négociations étaient bloquées depuis plusieurs heures sur mon cas. Le camp de Joseph Kabila a refusé que les mesures de décrispation politique soient prises en faveur de tous les détenus et exilés politiques emblématiques contrairement à ce que demandait le Rassemblement.

Pas de référendum avant les prochaines élections, pas de troisième mandat

À la place, les délégués de la Majorité présidentielle ont tenté de remettre sur la table des discussions la possibilité d’un référendum durant la période censée nous conduire vers des élections. Il ne fallait pas que nous leur laissions ouvrir cette brèche. C’est pourquoi j’ai demandé au Rassemblement de faire en sorte que mon cas ne bloque pas l’issue du dialogue. J’ai demandé que l’intérêt de la nation soit privilégié : pas de référendum avant les prochaines élections, pas de troisième mandat. C’est ce que demande notre peuple, c’est ce que nous avons obtenu.

Votre sort sera-t-il examiné par une commission ad hoc de magistrats ?

Non. Je remets mon cas entre les mains des évêques. Il en est de même de celui de Jean-Claude Muyambo qui croupit dans la prison de Makala. Il a été condamné dans une affaire de spoliation d’immeuble montée de toutes pièces par le ressortissant grec Stoupis. Le même qui a été utilisé pour ma condamnation. Des véritables machinations politiques !

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J’espère tout de même que nos magistrats recouvreront bientôt leur liberté de condamner les vrais coupables et d’acquitter les innocents. Et qu’à partir de maintenant, l’Agence nationale de renseignement (ANR) fera son travail dans l’intérêt supérieur du pays.

L’accord de la Cité de l’OUA ne pouvait pas sereinement conduire le pays vers des élections apaisées.

En quoi ce nouvel accord se distingue-t-il de celui conclu à la Cité de l’OUA le 18 octobre à l’issue de premier dialogue auquel le Rassemblement n’a pas pris part ?

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En son temps, j’avais indiqué, depuis New-York, qu’il faudrait un deuxième dialogue pour apaiser les tensions et parvenir à un compromis politique plus inclusif. Edem Kodjo, alors facilitateur de ces pourparlers qui n’étaient, en réalité, qu’un monologue, avait rétorqué qu’exiger un deuxième dialogue, un vrai dialogue, était une vaste blague. Le régime de Kinshasa, à travers Lambert Mende (porte-parole du gouvernement, ndrl) était alors monté au créneau pour s’opposer à l’idée des négociations directes entre le camp de Joseph Kabila et celui du Rassemblement. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Tout le monde a fini par comprendre, en effet, que le premier accord, celui de la Cité de l’OUA, n’était pas correct et qu’il ne pouvait pas sereinement conduire le pays vers des élections apaisées. C’est pourquoi, sous la médiation de la Conférence nationale épiscopale nationale (CENCO), ce deuxième dialogue a eu lieu. Et l’accord qui a été signé le 31 décembre 2016 apporte enfin des garanties nécessaires pour la première alternance démocratique dans notre pays.

Êtes-vous confiant de la mise en oeuvre de l’accord et de l’évolution de votre sort ?

Je reste confiant. Il est temps que chacun de nous contribue à l’essor de notre pays.

Je ne veux plus compter les victimes du troisième mandat, ces héros de la démocratie tombés parce qu’ils se sont battus pour le respect de la Constitution.

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