Gouvernement mauritanien : comment faire du neuf avec du vieux
Pas de jeunes, peu de femmes ou de nouveaux visages… Le gouvernement Hademine ressemble à s’y méprendre au précédent. À quelques exceptions près.
Mauritanie, cinq ans pour tout changer
Réélu en juin 2014 pour un dernier mandat, Mohamed Ould Abdelaziz a bien des atouts en mains pour atteindre ses objectifs. Même si plusieurs inconnues subsistent, à commencer par la menace terroriste ou la mise en place du dialogue avec l’opposition.
Ni la nomination de Yahya Ould Hademine, le 20 août, à la primature, ni celle de son gouvernement n’ont a priori provoqué de bouleversement majeur. Et ce sont surtout les 25-35 ans, qui avaient activement participé à la campagne du candidat "Aziz" et espéraient une petite place au sein de l’exécutif, qui ont été déçus.
Ancien ingénieur à la Société nationale industrielle et minière (Snim), puis directeur général de sa filiale Assainissement, travaux, transport et maintenance (ATTM), avant de devenir ministre de l’Équipement et des Transports dans l’équipe sortante, Yahya Ould Hademine est réputé pour être aussi discret et "bosseur" que son prédécesseur, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf. Ce dernier, très proche d’Aziz et ancien ambassadeur en Belgique, a battu des records de longévité puisqu’il était Premier ministre depuis 2009. "Membre du bureau exécutif de l’Union pour la République [UPR], Ould Hademine connaît bien la Mauritanie, ainsi que le fonctionnement de l’administration, note Abdelvetah Ould Mohamed, rédacteur en chef de Biladi. Et c’est un homme de confiance d’Ould Abdelaziz."
Comme on s’y attendait, les principaux portefeuilles de son gouvernement, qui compte 27 membres, n’ont pas changé de titulaire. Ainsi, on retrouve Sidi Ould Zeine à la Justice, Sidi Ould Tah aux Affaires économiques, Amedi Camara à l’Environnement, Mohamed Ould Ahmed Raare à l’Intérieur et à la Décentralisation, Thiam Djombar aux Finances et Bâ Ousmane à l’Éducation nationale.
>> Lire aussi : Mauritanie : un nouveau gouvernement plus féminin
Neuf nouveaux entrants
Parmi les neuf nouveaux entrants, quelques-uns ont cependant été remarqués. À commencer par deux personnalités proches de Mohamed Ould Abdelaziz : Sidi Ould Salem, son ex-directeur de campagne pour la dernière présidentielle, physicien et ancien cadre du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), nommé à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, et Isselkou Ould Ahmed Izid Bih, qui a quitté la présidence de l’Union pour la République (UPR, parti au pouvoir) pour prendre les rênes de l’Équipement et des Transports.
Hindou Mint Ainina – l’une des sept femmes du nouveau gouvernement – a quant à elle été nommée ministre déléguée chargée des Affaires maghrébines, africaines et des Mauritaniens de l’étranger. Cette ancienne journaliste de 49 ans a été la première rédactrice en chef du Calame, l’un des plus grands hebdomadaires du pays, et était conseillère en communication à la primature depuis 2007.
Mais celui qui a fait le plus parler de lui est certainement Diallo Mamadou Bathia. L’ex-secrétaire général du gouvernement a en effet hérité du portefeuille de la Défense, devenant le premier Négro-Mauritanien à occuper cette fonction depuis Sidi Mohamed Diagana (de 1971 à 1975, sous Mokhtar Ould Daddah). Un poste d’autant plus stratégique que la sécurisation du pays est l’une des grandes priorités d’Aziz… Si ce n’est que, en Mauritanie, le ministre de la Défense travaille sous la tutelle du chef d’état-major des armées, le général Mohamed Ould Ghazouani, et n’a en réalité que très peu de pouvoir.
Par ailleurs, Ould Radhi, le prédécesseur de Diallo Mamadou Bathia, étant réputé proche du général Ould Ghazouani, numéro deux du régime, son départ a suscité beaucoup d’interrogations… C’est en effet la première fois qu’aucun "protégé" du chef d’état-major des armées n’est présent au sein du gouvernement.
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Mauritanie, cinq ans pour tout changer
Réélu en juin 2014 pour un dernier mandat, Mohamed Ould Abdelaziz a bien des atouts en mains pour atteindre ses objectifs. Même si plusieurs inconnues subsistent, à commencer par la menace terroriste ou la mise en place du dialogue avec l’opposition.
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