Biens mal acquis : vers un renvoi du procès Obiang ?

La justice française va-t-elle reporter à une date ultérieure le premier procès de l’affaire des biens mal acquis ? Réponse mercredi pour le fils du président de Guinée équatoriale, Teodorín Obiang, accusé de s’être frauduleusement bâti un patrimoine considérable en France.

Le fils du président équato-guinéen Teodoro Nguema Obiang Mangue devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 30 septembre 2015 (photo d’illustration). © Frank Franklin II/AP/SIPA

Le fils du président équato-guinéen Teodoro Nguema Obiang Mangue devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 30 septembre 2015 (photo d’illustration). © Frank Franklin II/AP/SIPA

Publié le 3 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Le procès de Teodoro Nguema Obiang Mangue dit Teodorín, s’est ouvert lundi 2 janvier à Paris, en l’absence du prévenu. Poursuivi pour blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption, il encourt jusqu’à dix ans de prison et une amende de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Durant plusieurs heures lundi, le tribunal le correctionnel a examiné la demande des avocats du prévenu, qui réclament un délai pour préparer la défense de celui qui est aussi vice-Président de ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale.

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Demande à laquelle le parquet national financier ainsi que l’avocat de l’ONG Transparency International, William Bourdon, qui avait porté plainte en 2007, se sont vigoureusement opposés, dénonçant des manœuvres « dilatoires ».

Teodorín Obiang « fera valoir ses droits jusqu’au bout », a plaidé l’un de ses avocats, Me Emmanuel Marsigny. Il n’est « pas un bandit de grand chemin », n’a « jamais fui ses responsabilités et n’entend pas les fuir ».

Détournement de fonds publics

La présidente du tribunal a insisté, quant à elle, sur l’impact de la décision rendue le 7 décembre par la Cour internationale de justice (CIJ), sollicitée en vain par le camp Obiang pour empêcher la justice française de poursuivre le fils du président équato-guinéen dans l’affaire des biens mal acquis. Pour l’instant, la CIJ a seulement demandé à la France d’assurer l’inviolabilité de l’immeuble luxueux présenté comme des locaux diplomatiques utilisés par Teodorín Obiang.

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En 2012, la perquisition de cet immeuble de l’avenue Foch (XVIe arrondissement), qui a duré plus de neuf jours, avait mis en évidence le train de vie fastueux de Teodorín Obiang : robinets recouverts de feuilles d’or, hammam, salle de sport, discothèque, salon de coiffure, salle de cinéma. Plusieurs voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti) ont également été saisies et vendues aux enchères.

Au terme de l’instruction, les juges ont estimé que ce patrimoine, évalué à plus d’une centaine de millions d’euros, ne pouvait avoir été financé par les seuls revenus officiels du fils Obiang, et qu’il était le fruit « de détournement de fonds publics ».

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Selon les enquêteurs, près de 110 millions d’euros provenant du Trésor public de Guinée équatoriale seraient venus créditer le compte personnel de Teodorín Obiang entre 2004 et 2011.

D’autres dirigeants africains visés

Le fils du président équato-guinéen « a toujours dit qu’il a[vait] gagné légalement son argent dans son pays », selon Me Marsigny. Pour tenter d’annuler les poursuites à son encontre, Teodorín  Obiang a multiplié les voies de recours, sans succès.

L’affaire des biens mal acquis dépasse le cas Obiang. La justice française enquête également sur les patrimoines bâtis en France par les familles de plusieurs autres dirigeants africains, celle de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), d’Omar Bongo (Gabon) ou encore du président centrafricain déchu François Bozizé.

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