En Égypte, l’absence de touristes menace le patrimoine

Privée de sa rente touristique et empêtrée dans une crise économique sans précédent, l’Égypte peine à préserver son patrimoine historique. Entre 2010 et 2016, le nombre de touristes a chuté de 58%.

Les pyramides de Gizeh le 13 novembre 2016. © Nariman El-Mofty/AP/SIPA

Les pyramides de Gizeh le 13 novembre 2016. © Nariman El-Mofty/AP/SIPA

Publié le 3 janvier 2017 Lecture : 1 minute.

« C’est catastrophique », diagnostique sans détour Fayza Haikal, égyptologue et professeure à l’Université américaine du Caire.

Après la révolution de 2011, la destitution du président Hosni Moubarak puis celle du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, l’instabilité politique et la menace terroriste ont fait fuir les visiteurs étrangers. Le problème, c’est que le ministère des Antiquités est financé en partie par les billets d’entrée dans les musées et sites historiques, et donc par les touristes.

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Recettes divisées par 6 depuis 2010 

« Depuis janvier 2011, (…) nos recettes ont fortement baissé. Et ceci a affecté fortement l’état des monuments égyptiens », a indiqué à l’AFP le ministre des Antiquités Khaled el-Enany.

En effet, les billets d’entrée n’ont rapporté que 300 millions de livres (38,4 millions de dollars) en 2015 contre 1,3 milliard en 2010 (220 millions de dollars), selon les chiffres officiels. Dans le même temps, le nombre de touristes a chuté de 15 à 6,3 millions par an. Une tendance qui s’est confirmée en 2016.

De la pyramide de Gizeh – la seule des sept merveilles du monde encore visible aujourd’hui – aux temples de la haute Égypte, en passant par les églises et édifices islamiques, le patrimoine égyptien nécessite des efforts de préservation permanents.

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Crise économique

Les « antiquités se détériorent partout », s’alarme l’archéologue Zahi Hawass, ancien ministre des Antiquités. « Avec le manque de fonds, on ne peut rien restaurer. Regardez le musée du Caire comme il est sombre », grimace , cette sommité du monde de l’égyptologie, pour qui le gouvernement, à cours d’argent, est incapable de compenser la chute des recettes. D’autant qu’il lui faut payer les quelques 38 000 employés de l’administration des Antiquités : ouvriers, techniciens, égyptologues et inspecteurs.

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Dans un contexte où l’Égypte doit faire face à une croissance en berne, une inflation spectaculaire et des pénuries de produits divers, la charge est lourde. Pour rebondir, le pays a obtenu en novembre dernier un prêt de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).

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