Finance islamique : le Maroc donne son feu vert à la création de cinq banques

Le Comité des Établissements de Crédit, réuni le 29 novembre 2016, a émis un avis favorable sur cinq demandes d’agrément pour la création de banques participatives au Maroc, indique un communiqué de la Banque centrale. Cette décision permet de renforcer l’offre du secteur bancaire et l’attractivité de Casablanca en tant que plateforme financière africaine.

Le siège d’Attijariwafa Bank à Casablanca, le 7 septembre 2011 (image d’illustration). © Hassan OUAZZANI Pour Jeune Afrique

Le siège d’Attijariwafa Bank à Casablanca, le 7 septembre 2011 (image d’illustration). © Hassan OUAZZANI Pour Jeune Afrique

Publié le 3 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Deux ans après la promulgation de la loi autorisant la finance islamique, des établissements bancaires « charia-compatibles » vont voir le jour au Maroc. « Après étude et analyse de ces dossiers, notamment au plan de l’actionnariat, de la valeur ajoutée au marché africain, de la gouvernance et des risques, et à la lumière des informations complémentaires demandées aux différents postulants », le comité a accordé cinq agréments, détaille un communiqué de la Bank Al-Maghrib (BAM), la banque centrale du Royaume du Maroc, en date du lundi 2 janvier.

Trois établissements bancaires classiques proposeront aussi des produits conformes

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CIH Bank, en partenariat avec la Qatar International Islamic Bank, BMCE Bank of Africa avec le groupe saoudi/bahreini Dalla Al Baraka, la Banque Centrale Populaire (BCP) avec le groupe saoudien Guidance, le Crédit Agricole du Maroc avec l’Islamic Corporation for the Development of the Private Sector (ICD) et enfin Attijariwafa Bank – toujours en discussion pour un futur partenariat – obtiennent ces agréments pour l’exercice de l’activité bancaire participative.

En outre, le comité a également donné un avis favorable pour autoriser trois établissements bancaires conventionnels (la Banque Marocaine du Commerce et de l’Industrie, le Crédit du Maroc et la Société Générale) à mettre en place des « fenêtres », autrement dit des départements dédiés à la finance islamique proposant des produits bancaires conformes à un secteur qui pèse près de 2 000 milliards de dollars.

Fin juin 2016, la BAM avait reçu sept demandes d’agréments pour des banques dites « participatives » et trois pour des départements dédiés à la finance islamique au sein d’établissements bancaires classiques.

« Finance participative », plus acceptable que « finance islamique » ? 

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Si ces établissements répondent aux principes de la finance islamique (prohibition de la spéculation et du prêt à intérêt), ils sont toutefois désignés comme « participatifs » au Maroc et dans le communiqué de la Banque centrale. « L’ensemble des produits utilisés sont des produits de finance participative. Cette appellation est donc liée à la nature même des produits et du caractère participatif de la rémunération sous-jacente au produit ‎ », détaille à Jeune Afrique Merbouh Kader, directeur du master de finance islamique à l’université Paris-Dauphine.

‎Mais le terme utilisé a également une dimension politiquement sensible : « L’idée est de ne pas faire de dissociation ni de dichotomie entre les établissements classiques et ceux qui relèvent de la finance islamique », précise le chercheur. De plus, une telle distinction reviendrait à dire que « le Royaume du Maroc favoriserait vis-à-vis d’un peuple majoritairement musulman un système bancaire au profit d’un autre, ce qui reviendrait aussi implicitement à légitimer la dimension religieuse de ces établissements bancaires par le Royaume ».

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