Burundi : l’ONG de lutte pour les droits de l’Homme Iteka dissoute par les autorités

La plus ancienne ligue burundaise des droits de l’Homme, Iteka, vient d’être rayée de la liste des ONG autorisée à œuvrer dans le pays. L’ONG dénonçait régulièrement la répression du pouvoir en place, malgré la suspension de ses activités il y a quelques mois.

Une patrouille de police dans le quartier de Musaga, à Bujumbura, au Burundi, le 20 juillet 2015 © Jerome Delay/AP/SIPA

Une patrouille de police dans le quartier de Musaga, à Bujumbura, au Burundi, le 20 juillet 2015 © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 3 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Le couperet vient de tomber pour Iteka. Une ordonnance ministérielle rendue publique ce mardi 03 janvier sur un site d’information proche du pouvoir prévoit sa radiation définitive de la liste des ONG locales autorisées à travailler au Burundi.

« Attendu que malgré une mesure de suspension provisoire, cette association n’a pas cessé les agissements pour lesquels elle avait été suspendue » et a continué « à ternir l’image du pays et à semer la haine et la division au sein de la population du Burundi », Iteka « est définitivement radiée de la liste des Associations sans but lucratif (ASBL) œuvrant au Burundi », précise le document, émis par le ministère burundais de l’Intérieur.

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Les activités de l’organisation étaient suspendues depuis octobre 2016.

Violations massives des droits de l’Homme

Cette décision des autorités burundaises fait suite à la publication en novembre d’un rapport écrit par la fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) − représentée par Iteka au Burundi −, et qui fait état des violations massives des droits de l’Homme recensées dans le pays depuis le début de la crise en avril 2015.

À la mi-décembre, Iteka avait d’autre part dénoncé une « recrudescence » des arrestations et disparitions d’opposants, et l’instauration d’un climat de « peur généralisée » par le pouvoir burundais.

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Depuis le début de la crise engendrée par la volonté de Pierre Nkurunziza de se représenter à un 3e mandat, les violences auraient fait selon l’AFP plus de 500 morts et poussé plus de 300 000 personnes à quitter le pays.

« Nous ne sommes pas surpris par cette décision, a réagi le président d’Iteka, Anschaire Nikoyagize, qui vit aujourd’hui en exil. Elle vient confirmer que le pouvoir burundais continue de tout mettre en œuvre pour que ses graves violations des droits humains ne soient plus rapportées et pour échapper à l’attention de la communauté internationale. »

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« Ne pas renoncer »

Malgré la suspension de ses activités, Iteka avait continué de produire des rapports sur les violations des droits de l’Homme au Burundi.

« Cela va  être malheureusement plus dangereux pour nos équipes qui sont sur le terrain », a confié Anschaire Nikoyagize à l’AFP. « Mais, nous n’allons pas renoncer à notre mission, a-t-il promis. Nous nous y sommes préparés et nous allons continuer à travailler dans la clandestinité. »

Iteka vient rallonger la liste des principales ONG indépendantes burundaises à avoir été dissoutes. Les grandes figures de la société civile et les responsables des médias indépendants sont quant à eux, pour la plupart, en exil.

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