Tunisie : l’UGTT range les gants
Maintenant qu’elle a achevé sa mission, la puissante centrale syndicale peut retrouver sa fonction première : la négociation sociale.
Àl’initiative du dialogue national qui avait permis de surmonter la crise, en 2013, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a joué un rôle fédérateur et salvateur dans la tenue des élections législatives et présidentielle qui ont succédé à la période de transition.
La plus importante centrale syndicale du pays ne s’est pas contentée de peser sur les décisions publiques en composant un quartet de choc avec le patronat, la Ligue tunisienne des droits de l’homme et l’Ordre des avocats. Elle est également parvenue à imposer un gouvernement de technocrates et à arracher la promulgation de la Constitution.
Arbitre du paysage politique
L’organisation a ensuite accompagné le processus et arbitré les dissensions, donnant même de la voix. Elle a même relégué ses objectifs syndicaux au second plan "dans l’intérêt suprême du pays", selon Houcine Abassi, son secrétaire général. Bien qu’elle assure, après avoir invité ses membres à ne pas présenter de candidature sous sa propre bannière, se tenir à égale distance de tous les partis, la centrale n’est pas neutre.
En appelant sa base à se rendre massivement aux urnes, elle l’a également exhortée à ne pas voter pour les formations ayant incité à la violence à son égard, désignant sans les nommer Ennahdha et le Congrès pour la République (CPR). Garante d’élections sans taches en tant que représentante de la société civile, l’UGTT a mis en place un réseau d’observateurs dans les bureaux de vote et les instances régionales indépendantes pour les élections (Irie).
Appréciée pour son rôle d’arbitre du paysage politique, l’UGTT a refusé que le dialogue national devienne une institution, y mettant un terme le 10 novembre, au lendemain de la promulgation des résultats définitifs des législatives.
Elle a désormais retrouvé sa fonction syndicale, et se prépare aux négociations sociales afin que "le climat se stabilise". La centrale prépare dans le même temps son prochain congrès, prévu en fin d’année. Ce qui n’empêche pas son bureau exécutif, selon plusieurs sources, de vouloir se prononcer sur la composition du prochain gouvernement.
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