Tunisie : y a-t-il un indépendant crédible sur la scène ?

Nabli, Zenaidi… Plus de la moitié des candidats en lice se présentent sans bannière. Mais il est souvent dur de se faire entendre sans machine politique, même pour les plus connus.

Tunis, le 11 novembre. © Amine Landouls/Anadolu Agency

Tunis, le 11 novembre. © Amine Landouls/Anadolu Agency

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 17 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Ils sont seize. Seize indépendants, sur un total de vingt-sept candidats. Parmi eux, un douanier à la réputation sulfureuse (Yassine Chennoufi), une brochette de juristes, d’avocats ou de magistrats (Samir Abdelli, Mehrez Boussayène, Ali Chourabi, Kalthoum Kennou), d’anciens ministres (Hamouda Ben Slama, Noureddine Hached, Abderrazak Kilani) et un journaliste (Safi Saïd).

Tous rêvent de déjouer les pronostics le 23 novembre, mais tous rencontrent la même difficulté : exister dans la campagne, capter l’attention médiatique sans moyens ni machine électorale. Les plus connus, tel Mohamed Frikha, l’ex-PDG de la compagnie aérienne Syphax Airlines, ou Larbi Nasra, l’ancien patron de Hannibal TV, réussissent à faire parler d’eux. Mais le plus souvent à travers railleries et quolibets. La politique est un univers impitoyable.

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Seules deux personnalités semblent capables de se distinguer : Mustapha Kamel Nabli, 66 ans, ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, et Mondher Zenaidi, 64 ans, tout à tour ministre du Commerce, du Tourisme, puis de la Santé. À défaut d’appareil militant, ils possèdent un staff dévoué à leur cause, un bon carnet d’adresses et des relais médiatiques. L’un et l’autre techniciens, ils ont été ministres sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali. Nabli au Plan de 1990 à 1995, date à laquelle il a pris ses distances avec le régime en allant poursuivre sa carrière à Washington au sein de la Banque mondiale, avant de regagner la Tunisie au lendemain de la révolution, en janvier 2011.

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Zenaidi, lui, a siégé au gouvernement pendant presque deux décennies, et ses passages au ministère du Commerce ont été remarqués. Leur indépendance se veut un gage d’impartialité. Pour eux, le président doit être au-dessus des contingences partisanes et faire travailler ensemble les grandes tendances représentées à l’Assemblée, où personne ne dispose de la majorité.

Manque de charisme, déficit de notoriété

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Nabli, que ses partisans surnomment MKN, chasse sur le même segment électoral que Nidaa Tounes : les modernistes de la classe moyenne et supérieure, qui rechigneraient à confier les clés du Palais de Carthage à Béji Caïd Essebsi (BCE). Son équipe, très active sur les réseaux sociaux, déploie une communication sophistiquée et un brin élitiste. Zenaidi mise au contraire sur son ancrage régional, à Kasserine (Centre-Ouest), d’où il est originaire, et vise un électorat plus populaire. Il dit s’adresser à la Tunisie des petites gens, et aux régions oubliées, et met en avant sa probité et son dévouement.

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Le manque de charisme, un relatif déficit de notoriété et des prestations médiatiques en demi-teinte constituent les principaux handicaps de Nabli. De son côté, Zenaidi n’a pas encore réussi à s’expliquer de manière convaincante sur ses liens avec l’ex-couple présidentiel. La déconfiture des listes destouriennes conduites par d’autres anciens ministres de Ben Ali aux législatives – celles d’Abderrahim Zouari et de Kamel Morjane – pose également question. Car une partie de sa crédibilité reposait sur la croyance qu’il pourrait mobiliser à son profit les membres de l’ancien parti au pouvoir. Or ceux-ci semblent s’être évaporés ou ralliés à BCE…

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