L’argent des Africains – Habib, ex-cadre dirigeant du secteur public en Algérie – 1 291 euros par mois

Cette semaine nous nous rendons en Algérie, à la rencontre de Habib*. Cet ex-cadre dirigeant du secteur public profite d’une confortable retraite de 150 000 DZA (1 291 euros) dans sa ville natale d’Oran. Comment dépense-t-il son argent ? Il nous a ouvert son portefeuille.

Habib peut dépenser allègrement sa retraite de 1 291 euros, dans un pays où le Smic ne dépasse pas les 171 euros (photo d’illustration). © flickr/Maya-Anaïs Yataghène

Habib peut dépenser allègrement sa retraite de 1 291 euros, dans un pays où le Smic ne dépasse pas les 171 euros (photo d’illustration). © flickr/Maya-Anaïs Yataghène

Publié le 11 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

D’une voix affable et chaleureuse, Habib* nous raconte combien il est un retraité enthousiaste. Ancien cadre dirigeant d’un groupe en électrification nationalisé, il goûte désormais au plaisir de prendre son temps. Un nouveau train de vie qui chamboule ce senior bouillonnant d’énergie, occupé entre ses voyages et… la rédaction d’un roman satirique sur la Genèse.

« Vous n’êtes pas sans ignorer les pressions et le stress qu’on subit quand on occupe une fonction de responsabilité dans une entité relevant de l’État. Désormais, j’éprouve un sentiment de soulagement » nous confie t-il.

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Habib a longtemps été un homme pressé, lorsqu’il tenait les rênes de l’une des plus importantes entreprises publiques du wilaya d’Oran. Ingénieur urbaniste de formation, il bouscule sa hiérarchie en devenant le Président Directeur Général de son entreprise. Un parcours sans faute, mais qui se heurte finalement aux restructurations amorcées par le conseil d’administration du groupe. Habib est alors en désaccord avec « l’interventionnisme de l’État sur son travail », et se voit pousser à la démission.

Charges : 129 euros

Un épisode qu’il n’a pas totalement digéré mais qui lui permet de profiter d’Oran, sa ville natale, à laquelle il est profondément attaché. Installé en périphérie de la « radieuse » métropole, Habib vit avec sa compagne dans une villa qu’il a fait construire il y a plus de 15 ans grâce à un prêt dont le remboursement est terminé. Ne dépendant d’aucune charge locative, il paie annuellement une taxe foncière dont le montant lui paraît « dérisoire ».

À défaut de payer des impôts, Habib s’acquitte de ses charges mensuelles, comme les factures d’eau ou d’électricité qui lui coûtent 129 euros en moyenne.

Nourriture : 602 euros

Habib peut donc dépenser allègrement sa retraite de 1 291 euros, dans un pays où le Smic ne dépasse pas les 171 euros. Lorsqu’on l’interroge sur le climat politique de son pays, où les tensions sociales sont régulièrement visibles, Habib admet être un « privilégié ». À ce titre, il dépense plus de 602 euros en nourriture et courses diverses chaque mois, un budget qui contraste avec le pouvoir d’achat de nombreux Algériens. Il regrette cependant « la cherté des produits de base comme la viande ou le poisson« .

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Épargne et loisirs : 495 euros

Bon vivant, Habib sort régulièrement avec sa compagne, dentiste de profession. Tous les deux apprécient de se retrouver autour d’un dîner au restaurant pendant les week-ends. Une enveloppe de 86 euros est dédiée à leurs sorties en couple.

Le reste de la semaine, pendant que sa femme travaille comme dentiste, Habib n’hésite pas à prendre sa voiture, dont l’entretien lui coûte 51 euros, pour rejoindre le centre-ville d’Oran. C’est souvent l’occasion pour lui d’entretenir ses amitiés autour d’un verre ou de flâner en librairie, où il s’offre quelques livres avec ce qu’il appelle son « argent de poche ». Des dépenses personnelles qui n’excèdent pas 130 euros.

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Habib profite de l’espace et du temps libre dont il dispose depuis le départ de ses deux filles pour « écrire un roman ou recevoir quelques amis en période estivale ». Le reste de l’année, il voyage avec sa femme en Espagne ou en France, où vivent certains de leurs proches. Le couple dispose d’ailleurs d’un budget  consacré aux vacances, pour lequel 280 euros sont épargnés tous les mois.

Jardinier : 14 euros

Le reste de ses économies est consacré à l’entretien de sa villa : un jardinier est payé chaque mois 14 euros et son épouse se charge, pour sa part, du « renouvellement de mobilier » de la maison.

Bref, à la retraite depuis seulement 18 mois, Habib nous répète à l’envi combien il est « heureux et éprouve un sentiment de liberté ».

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.

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