La prière des mortes

Fawzia Zouria

Publié le 13 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

– Au Nigeria, les quelques lycéennes rescapées des geôles de Boko Haram – parmi les 276 jeunes filles enlevées le 14 avril à Chibok, dans l’est du pays – racontent leur calvaire. Une chronique de l’horreur, publiée le 27 octobre par l’ONG Human Rights Watch, qui évoque "abus physiques et psychologiques, travail forcé, participation contrainte aux opérations militaires, mariages sous la menace, viols […]". Un "menu des délices" concocté par une bande de barbus pervers et de frustrés !

– Près de Hama, au centre de la Syrie, en septembre dernier, une jeune femme accusée d’adultère a été lapidée par son père et des jihadistes du groupe État islamique (EI). La vidéo postée sur YouTube la montre implorant le pardon de son papa. Lequel refuse, lui enserre la taille d’une corde et lui jette de la première à la dernière pierre.

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– En Tunisie, après avoir été enrôlée dans le jihad avec son mari pour une mission qu’elle croyait humanitaire, F. est revenue effondrée. Pendant que son époux était sur le front, son corps à elle subissait quotidiennement l’assaut de dizaines d’hommes. À ses dépens, elle a appris que, dans le vertueux califat, le jihad c’est le viol.

– Chez Daesh, justement, le bordel qui compte déjà 2 000 Yazidies transformées en esclaves se remplit de jour en jour. Les nouvelles recrues sont affectées à des tâches subalternes, formées pour devenir des kamikazes et, pour les plus appétissantes, servent de ventre à recueillir la semence de mâles venus d’une cinquantaine de pays à travers le monde, qui vont à l’amour comme au crime, le couteau entre les dents.

– En Iran, Zahra Bahrami, 46 ans, a été pendue pour trafic de drogue après avoir été condamnée par un tribunal révolutionnaire pour "possession de 450 grammes de cocaïne" et "participation à la vente de 150 grammes de cocaïne". En réalité, elle avait été arrêtée en raison de sa participation à des manifestations antigouvernementales en 2009.

– Le 25 octobre dernier, en Iran, toujours, Reyhaneh Jabbari a été pendue à l’aube. Le crime de cette jeune fille de 26 ans : avoir tué l’homme qui l’avait violée ; refuser le déshonneur et l’indignité ; se venger dans une république des mollahs où les femmes ne comptent pas devant la loi. Le monde entier vient de lire la lettre que cette dernière victime de l’islamisme a écrite à sa mère avant de mourir. Et dont certains passages pourraient servir de prières à toutes les femmes vivant dans des pays devenus pour elles l’enfer : "Ce pays que tu m’as fait aimer n’a jamais voulu de moi et personne ne m’a soutenue quand, sous les coups des interrogateurs, je pleurais et j’entendais les termes les plus vulgaires, écrit Reyhaneh. Le monde ne nous a pas aimées. Il n’a pas voulu mon destin. […] Dans la cour de Dieu, j’accuserai [ceux qui] n’ont cessé de me harceler, […] tous ceux qui, par ignorance ou avec leurs mensonges, m’ont fait du mal et ont piétiné mes droits. […] Je ne veux pas d’une tombe où tu viendrais pleurer et souffrir. Je ne veux pas que tu portes le noir pour moi. Fais de ton mieux pour oublier mes jours difficiles. […] Et donne ma dépouille au vent, afin qu’il m’emporte." Amen !

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