Afghanistan : chrétienne et américaine, l’épouse du président suscite le rejet des conservateurs

L’épouse du nouveau président est libano-américaine et de confession chrétienne. À la grande fureur des conservateurs.

Rula Ghani au cours d’une conférence de presse à Kaboul, le 30 octobre. © Shah Marai/AFP Photo

Rula Ghani au cours d’une conférence de presse à Kaboul, le 30 octobre. © Shah Marai/AFP Photo

Publié le 12 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

"Je profite de l’occasion pour remercier Rula, mon épouse bien aimée, pour le soutien qu’elle m’a apporté, à moi et à l’Afghanistan." Le propos serait banal s’il n’avait été tenu par Ashraf Ghani, le nouveau président afghan, lors de son intronisation, en septembre. "C’était courageux de sa part, estime la journaliste Hasina Safi. Chez nous, les hommes n’évoquent même pas leur vie personnelle entre eux, alors, vous pensez, en public…"

Mais c’est la personnalité de la nouvelle First Lady qui inquiète le plus les conservateurs. Rula Ghani est en effet étrangère – elle a la double nationalité libanaise et américaine – et de confession chrétienne. De quoi faire frémir les turbans ! Et faire courir les rumeurs les plus absurdes. Selon certains, elle serait un agent d’Israël résolue à combattre la culture musulmane… D’autres sont convaincus qu’elle ne rêve que d’évangéliser les Afghans…

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Il faut remonter à la reine Soraya, épouse du roi Amanullah Khan, pour trouver trace d’un tel rejet. Dans les années 1920, cette icône du féminisme local avait fait scandale en combattant le port du voile et la polygamie. Et en ouvrant la première école pour filles du pays. Les déclarations de Rula Ghani le 31 octobre à l’Agence France presse ne risquent pas d’apaiser les mollahs : elle y approuve sans ambiguïté la loi française sur le voile intégral ! Le tout dans un français parfait appris à Sciences-Po Paris à la fin des années 1960. La première dame estime en revanche que le simple voile n’est "ni offusquant ni gênant".

Violence en hausse

Une position qui, bien sûr, rencontre un certain écho dans un pays où, quatorze ans après le départ des talibans, la condition des femmes s’améliore peu à peu – elles représentent 27,7 % des députés et commencent à s’imposer dans de nombreux secteurs professionnels – mais où les mentalités n’évoluent que très lentement. Au premier semestre de 2013, les actes de violence dont elles ont été victimes ont augmenté de 24,7 % par rapport à la même période de 2012.

Pour Rula l’étrangère, le chemin sera difficile. Elle le sait et se gardera bien de bouleverser les structures sociales traditionnelles et/ou de lancer une campagne d’occidentalisation. "Je veux montrer la voie aux femmes, les aider à améliorer leur vie, expliquait-elle, début août, dans un entretien avec la BBC. Il faut les honorer en tant que pilier du foyer, mais ne pas omettre d’utiliser leurs nombreux talents dans d’autres domaines."

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