Aérospatiale : l’épopée des astronautes noirs
Au début de janvier, l’Africaine-Américaine Jeanette Epps a été sélectionnée pour participer en 2018 à une mission orbitale de six mois, devenant le premier astronaute noir à intégrer un équipage de l’ISS. À cette occasion, Jeune Afrique rend hommage à ceux et celles qui l’ont précédée dans la conquête de l’espace.
Pour la première fois, en 2018, l’équipage de la station spatiale internationale (ISS) comptera un astronaute noir parmi ses membres. Et cet(te) astronaute sera une femme : Jeanette Epps. À 46 ans, l’ingénieure aérospatiale de formation, ex-membre de l’agence américaine de renseignement (CIA), a été sélectionnée pour effectuer une mission de six mois à bord de l’ISS, son premier vol dans l’espace.
Bien d’autres Africains-Américains avant elle ont déjà quitté l’atmosphère terrestre. À commencer par Mae Carol Jemison, première femme astronaute noire à être envoyée dans l’espace. C’était en septembre 1992, il y a près d’un quart de siècle, à bord de la navette spatiale Endeavour de la Nasa.
Today is the 24th anniversary of @maejemison becoming the first woman of color in space! #DaringMakesADifference pic.twitter.com/A8Q9er5Lpk
— Robin Kelly (@RepRobinKelly) September 12, 2016
Du haut de ses soixante ans, l’ancienne astronaute s’est empressée de féliciter sa cadette sitôt sa nomination connue, à travers un message d’encouragement posté sur Twitter.
Congrats to @NASA astronaut Jeanette Epps,PhD assigned to International Space Station crew. #daringmakesadifference.
— Dr. Mae Jemison (@maejemison) January 6, 2017
Ed Dwight, premier Africain-Américain sélectionné par la Nasa (1961)
Selon un décompte de la Nasa, depuis sa création en 1958 l’agence spatiale américaine a sélectionné et formé, selon nos informations, dix-sept astronautes africains-américains, dont deux n’ont jamais effectué de mission spatiale et deux – Jeanette Epps et Victor Glover – qui n’ont pas encore volé.
Un nom cependant manque à l’appel. Celui de Ed Dwight, qui aurait pu – ou aurait dû – devenir le premier astronaute noir de l’histoire des États-Unis, et (a fortiori) de la planète. Sélectionné par la NASA en 1961 sous l’administration Kennedy, cet ancien pilote de l’armée de l’air américaine, originaire de Kansas City, dans le Missouri (centre), ne réussira pas à terminer sa formation d’astronaute. Il quittera la Nasa en 1966 après l’assassinat du président Kennedy, poussé vers la sortie, selon lui, à cause de sa couleur de peau, explique le quotidien britannique The Guardian.
Finalement, le premier astronaute noir à effectuer un vol dans l’espace fut missionné par l’URSS. Il s’agit du Cubain Arnaldo Tayao, aujourd’hui âgé de 74 ans, qui fut envoyé en orbite à bord de la navette Soyouz 38 en 1980. Trois ans plus tard, la Nasa suit l’exemple soviétique et envoie pour la première fois un astronaute africain-américain dans l’espace : Guion Bluford, qui effectuera pas moins de quatre vols au cours de sa carrière.
Les 14 astronautes noirs qui ont déjà volé dans l’espace
Charles Bolden, patron de la Nasa depuis 2009
Fait notable, sur les dix-sept astronautes africains-américains entraînés par la Nasa, cinq sont des femmes. Mais de tous, Charles F. Bolden Jr, est sans doute le plus connu. En juillet 2009, sous l’administration Obama, ce vétéran de l’espace qui peut se targuer d’avoir 680 heures de vol à son compteur, est nommé patron de l’agence spatiale américaine.
Ceci étant, aucune politique de discrimination positive n’est mise en place. « Quand il s’agit de l’espace, il n’y a pas de politique d’affirmative action. On ne peut pas se baser sur des critères raciaux », explique Ousmane N. Diallo, ingénieur à la Nasa. Né à Abidjan, ce docteur en aérospatiale qui vit depuis plus d’une quinzaine d’années aux États-Unis où il a effectué ses études, est membre de la National Society of Black Engineers (NSBE), une association qui fait la promotion des travaux de recherches des ingénieurs noirs – Africains-Américains, Latino-Américains, Caribéens, Africains noirs… – au sein des universités et de l’industrie.
« Je connais Jeanette Epps personnellement. C’est quelqu’un qui a une éducation très solide et qui est passé par des critères de sélection très drastique », explique l’ingénieur qui travaille dans les quartiers généraux de l’agence spatiale américaine à Houston, au Texas.
Avant qu’elle puisse voler à bord de l’ISS, à plus de 360 km d’altitude et à une vitesse moyenne de 27 600 km par heure, six astronautes africains-américains ont participé à la construction de la station, lancée il y a quinze ans, selon l’historien de la conquête de l’espace, Robert Pearlman, cité par le site d’information Mashable : il s’agit de Robert Curbeam, Stephanie Wilson, Joan Higginbotham, Al Drew, Leland Melvin et Robert Satcher.
L’Afrique enverra-t-elle son premier astronaute avant 2030 ?
À noter qu’aucun astronaute noir n’a été envoyé dans l’espace par l’Agence spatiale européenne (EAS), le Canada ou encore le Japon, qui pourtant se partagent l’un des trois sièges de membres d’équipage réservés à la Nasa à bord de l’ISS, les trois sièges restants étant réservés aux Russes.
À ce jour, le seul Africain à avoir quitté l’atmosphère terrestre est Mark Shuttleworth, un Sud-Africain blanc, passager du vaisseau spatial russe Soyouz en 2002. Il fait partie des premiers touristes de l’espace, son baptême ayant coûté la bagatelle d’une vingtaine de millions de dollars.
Parmi les treize astronautes africains-américains qui ont volé avec la Nasa, deux sont morts dans l’explosion de leur navette spatiale
En avril 2016, l’Agence nationale pour le développement et la recherche spatiale du Nigeria (NASRDA) a dévoilé son objectif d’envoyer à l’horizon 2030 le premier astronaute africain dans l’espace pour une mission spatiale habitée. Une initiative louable si elle s’accompagne de toute la rigueur requise, selon Ousmane N. Diallo, qui a salué les ambitions spatiales du Nigeria dans une tribune sur Jeune Afrique intitulée « Pourquoi l’Afrique a besoin de programmes spatiaux ».
À la différence de ses prédécesseurs, Jeannette Epps pourra raconter en direct son quotidien à bord de la station station spatiale internationale, à l’image du Français Thomas Pesquet qui régale ses « amis » de Facebook et ses « followers » sur Twitter de clichés envoyés sur le vif. Une communication bon enfant et bien rodée qui ne doit cependant pas faire oublier que ce type de mission reste très périlleuse. Parmi les treize astronautes africains-américains qui ont volé avec la Nasa, deux sont morts dans l’explosion de leur navette spatiale, Ronald E. McNair, en 1986 à bord de Challenger et, plus récemment, Michael Anderson, en 2003, à bord de Colombia.
Il faut souffrir pour aller dans l’espace! @AstroPeggy en train de mesurer ma pression oculaire pour l’expérience scientifique Fluid Shifts pic.twitter.com/CFXx5TCcCb
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) January 16, 2017
#Dieppe, la ville où j’ai grandi! La voir depuis l’espace m’évoque beaucoup de bons souvenirs (mon lycée est visible sur les falaises!) ❤️️ pic.twitter.com/vg7C9rA9yq
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) January 15, 2017
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