En Égypte, comment se financer en faisant la fête

Des dizaines de fêtes ont lieu chaque semaine, généralement le jeudi soir – dernier jour de la semaine en Égypte. Les participants versent en moyenne entre 250 et 2.500 livres à chaque fois (entre 13 et 130 euros). Un système de financement coopératif destiné à aider les Égyptiens, en plein marasme économique, à trouver des fonds ailleurs que dans les banques.

Des soirées comme celle-ci se sont multipliées en Egypte ces dernières années face à la détérioration des conditions économiques. © Mohamed El-Shahed/AFP

Des soirées comme celle-ci se sont multipliées en Egypte ces dernières années face à la détérioration des conditions économiques. © Mohamed El-Shahed/AFP

Publié le 9 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Dans la petite ville d’Abou el-Gheit, à environ 35 kilomètres au nord du Caire : sur la scène, une danseuse du ventre ondule au son d’un orchestre convoqué pour l’anniversaire d’une jeune fille, pendant que des convives versent des billets de banque dans une cagnotte. En Égypte, où la crise pèse sur les flux financiers, certains s’emploient aujourd’hui à récolter des fonds… en faisant la fête.

Micro en main, le maître de cérémonie de la soirée, Hassan el-Agami, gardien des comptes, annonce qu’un des invités vient de faire don de 5 000 livres égyptiennes (260 euros).

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Ce soir-là, l’argent n’est pas destiné à la jeune fille qui fête son anniversaire. Il ira dans un pot commun dont chaque donateur profite, un jour, à tour de rôle: « chaque participant paie un montant spécifique jusqu’à ce que son tour vienne (de récolter la mise). Il organise alors sa fête et récupère les fonds », explique Hassan el-Agami.

Chacun paie en fonction de ses revenus. Et contrairement aux pots communs ordinaires, les participants ne se connaissent pas.

Il incombe aux maîtres de cérémonie d’attirer des contributeurs, en déterminant le calendrier et la liste des invités. Les mariages, anniversaires et autres fêtes en l’honneur d’une naissance deviennent ainsi des prétextes et des points de rencontre en vue d’un financement participatif. L’idée est d’attirer le plus grand nombre de contributeurs possible.

La personne qui collecte les fonds peut réunir jusqu’à 200 000 livres.

« Si une fête coûte autour de 50 000 livres égyptiennes (2 600 euros), la personne qui collecte les fonds peut réunir jusqu’à 200 000 livres (10 400 euros) », selon Hassan el-Agami.

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Les soirées comme celle-ci se sont multipliées en Égypte ces dernières années face à la détérioration des conditions économiques, nourrie par l’instabilité politique depuis la révolte de 2011.

Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, la chute des réserves en dollars, le ralentissement de l’activité économique, l’inflation galopante se sont traduits par des pénuries de sucre, de lait infantile ou encore de médicaments.

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Dans ces conditions, le système de cagnotte est l’un des « mécanismes de base du financement coopératif », explique l’analyste économique Wael Gamal. « Quand les gens ne font plus confiance aux banques, ou quand les emprunts coûtent cher, ils optent pour des solutions coopératives pour s’entraider. »

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