Burkina : comment les chefs d’État africains voient la chute de Compaoré

D’Alassane Ouattara à Boni Yayi, en passant par Ibrahim Boubacar Keïta, Faure Gnassingbé ou Alpha Condé… Tous n’ont pas le même avis sur le départ de Compaoré.

Goodluck Jonathan (à g.), Macky Sall et Isaac Zida (centre), le 5 novembre à Ouagadougou. © Issouf Sanogo/AFP

Goodluck Jonathan (à g.), Macky Sall et Isaac Zida (centre), le 5 novembre à Ouagadougou. © Issouf Sanogo/AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 14 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

De tous les chefs d’État africains, le plus affecté par la chute de Blaise Compaoré est certainement l’Ivoirien Alassane Ouattara. Entre les deux hommes, la relation était stratégique. De bonne source, le jour de sa chute, le 31 octobre, Blaise a téléphoné à son ami ivoirien pour lui demander asile et recevoir protection dans sa fuite. Aussitôt, Alassane Ouattara a appelé François Hollande afin que la France prête hélicoptère et avion au fugitif.

Après son arrivée à Yamoussoukro, le Burkinabè a reçu deux fois la visite du président ivoirien, les 1er et 4 novembre. Autre ami très marqué par l’événement, Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, lui, dénonce "l’exil doré" accordé par la Côte d’Ivoire.

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Qui se désole de la chute de Blaise ?

En Afrique centrale, tous les chefs d’État, ou presque. En Afrique de l’Ouest en revanche, très peu de monde. À l’exception d’Alassane Ouattara, bien sûr, et de son homologue togolais, Faure Gnassingbé, qui doit redouter une propagation de l’onde de choc jusqu’à Lomé. "Blaise avait la particularité d’être accessible à tout le monde, confie avec un brin de nostalgie le ministre d’un État d’Afrique de l’Ouest. Quand j’étais dans l’opposition, il me recevait souvent à sa table. Mais ce n’était pas seulement pour mes beaux yeux. Selon lui, tout opposant pouvait faire naître la subversion chez l’un de ses partenaires et l’affaiblir. Le Burkina était riche de ses voisins."

C’est sans doute au Mali que l’événement est le mieux accueilli. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), "apprécie le geste héroïque du peuple burkinabè […] contre une dictature de plus de vingt-sept ans". Commentaire d’un proche d’IBK : "Nous ne pardonnons pas à Blaise d’avoir accordé le gîte et le couvert à tous les chefs rebelles du Nord-Mali. Son départ va faciliter les négociations d’Alger."

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Au Niger, même son de cloche. Sur la BBC en langue haoussa, Mohamed Bazoum, le ministre des Affaires étrangères, a lâché : "Ce qui s’est passé doit servir de leçon aux chefs d’État qui veulent se maintenir trop longtemps au pouvoir." Mahamadou Issoufou se frotte les mains à l’idée que son opposant Hama Amadou ne puisse plus se réfugier au Burkina Faso.

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En Mauritanie, l’Union pour la République (UPR, au pouvoir) félicite les Burkinabè "pour la réalisation du triomphe des peuples africains contre la tyrannie". Mohamed Ould Abdelaziz se réjouit quant à lui de voir son opposant Limam Chafi, proche conseiller de Compaoré, errer désormais entre Abidjan et Rabat.

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Pas de réaction officielle en Guinée, car Alpha Condé était à la fois très proche de Blaise et très inquiet devant son obstination à rester au pouvoir. "Cela va très mal se passer", prédisait-il ces dernières semaines.

Pas de commentaire non plus au Bénin. Mais subitement, Boni Yayi retrouve des mots simples pour dire qu’il n’essaiera pas de briguer un troisième mandat en 2016. "Je ne toucherai pas à ma Constitution. Je le jure", a-t-il déclaré le 3 novembre sur France 24. "L’an dernier, à chaque fois qu’il le disait aussi clairement, il recevait un coup de fil menaçant de Ouagadougou, explique l’un de ses proches. Aujourd’hui, Blaise ne peut plus lui pourrir la vie."

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