Le Nigeria met en place son premier système d’aide sociale pour les plus pauvres

Le président nigérian Muhammadu Buhari a décidé de mettre en oeuvre l’une de ses promesses électorales en attribuant une aide financière mensuelle aux plus pauvres et aux plus vulnérables dans le courant de l’année.

Une vue d’Abuja. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Une vue d’Abuja. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Publié le 10 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

D’ici la fin de 2017, 1 million de Nigérians devraient ainsi recevoir 5 000 nairas par mois (environ 25 dollars), sur un compte en banque qui aura été spécifiquement ouvert pour eux, afin qu’ils puissent recevoir cette aide de l’État. D’ici 2021, leur nombre devrait s’élever à 5 millions.

Maryam Uwais, conseillère spéciale à la présidence pour les questions sociales dit espérer qu’avec cette aide, les bénéficiaires puissent « acheter des chèvres, envoyer les enfants à l’école, ou démarrer un petit commerce ». « J’ai confiance dans l’esprit entrepreneurial des Nigérians », a-t-elle souligné, ajoutant que ce programme d’aide était « un début ».

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« Nous espérons continuer dans cette direction. Les pauvres ont toujours été ignorés dans ce pays », a conclu la conseillère.

3 milliards d’euros sur 3 ans

Ce premier « filet de sécurité sociale » coûtera près de 3 milliards de dollars sur trois ans (977 milliards de nairas) au Nigeria. La Banque Mondiale (BM), qui supervise le processus de sélection des bénéficiaires et encadre le projet, a accordé au pays un prêt de 500 millions de dollars, mais il doit encore être validé par le Parlement.

Une tâche qui s’annonce difficile, puisque le Sénat a rejeté une demande d’emprunt extérieur de 30 milliards de dollars début novembre, alors que le pays souffre de la chute des cours du pétrole et traverse la pire crise économique de son histoire.

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L’inflation frôle les 20%, notamment pour les produits de consommation courante (huile de palme, riz, transports, etc.) et le pays est étranglé par une pénurie de devises étrangères. « Nous avons conscience des difficultés financières de l’État, mais nous espérons atteindre notre objectif cette année », a toutefois soutenu à l’AFP Laolu Akande, porte-parole du vice-président.

« Une goutte d’eau dans un océan de pauvreté »

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À Bauchi (nord), l’un des trois premiers États à bénéficier du programme, « un comité enregistre actuellement le profil biométrique de 10 800 personnes » pour éviter les candidats fantômes, rapporte Mansur Manu Soto, conseiller local pour le développement.

Contrairement à l’Afrique du Sud ou au Kenya, le Nigeria n’attribue pas cette aide qu’aux personnes âgées ou handicapées et l’argent est directement versé par le gouvernement fédéral sur un compte bancaire personnel, « sans intermédiaire », pour « éviter les fraudes ».

Pour l’économiste Nonso Obikili, ce programme reste cependant une « goutte d’eau dans l’océan de pauvreté » qu’est le Nigeria. « Ce programme paraît sérieux et bien organisé, notamment sur les problèmes de corruption. Mais l’aide sociale peut rapidement devenir hors de contrôle et le jour où l’État ne veut plus ou ne peut plus payer, c’est la crise », explique le consultant pour Economic Research Southern Africa.

Selon l’économiste, « c’est une bonne chose en soi, mais cela fonctionne surtout dans des pays où l’économie est en croissance ».

Initiatives similaires sur le continent

Ainsi en Côte d’Ivoire, où 58% de la population vit dans la pauvreté mais où le taux de croissance en 2016, selon la Banque mondiale avoisinait les 7,8%, un programme similaire a été mis en place. Depuis janvier, 5 000 ménages pauvres de milieu rural doivent percevoir 36 000 F CFA (55 euros) tous les trimestres jusqu’en 2020. Une aide qui devrait concerner 35 000 foyers.

Au Sénégal aussi, des programmes se mettent en place. En 2017, près de 300 000 ménages devraient se voir attribuer des bourses par l’État à hauteur de 25 000 F CFA (environ 38 euros) par trimestre, a indiqué Anta Sarr Diacko, la déléguée générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale. Cela représente environ 2% de la population.

110 millions de Nigérians dans le besoin

En 2015, le vice-président Yemi Osinbajo estimait à 110 millions le nombre de Nigérians se demandant chaque jour « comment […] trouver à manger, [se] soigner, envoyer [ses] enfants à l’école ». Au Nigeria, le salaire minimum est de 18 000 nairas (soit 57 dollars), très faible par rapport au coût de la vie dans le pays.

D’autres projets d’aides sociales ont été mis en place, tels que des formations pour les jeunes, des programmes de distribution alimentaire dans les écoles primaires, ou des micro-crédits pour les femmes.

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