Tunisie : Belhassen Trabelsi fait le buzz sur Attessia TV

Six ans après la chute du régime de Ben Ali, une émission d’Attessia TV consacrée à son beau frère, Belhassen Trabelsi, a fait imploser l’audimat ce lundi, et suscité bien des interrogations.

Belhassen Trabelsi intervenant sur la chaîne de télévision Attessia TV, le 9 janvier 2017. © Capture d’écran Youtube/Attessia TV

Belhassen Trabelsi intervenant sur la chaîne de télévision Attessia TV, le 9 janvier 2017. © Capture d’écran Youtube/Attessia TV

Publié le 10 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Le buzz à tout prix semble être le choix éditorial de Moez Ben Gharbia, patron de la chaîne Attessia TV et animateur du talk show Attessia Masa’an.

Le lundi 9 janvier, il a fait fort en faisant intervenir via Skype, Belhassen Trabelsi, homme d’affaires dont la montée en puissance a été contrariée par ses liens familiaux avec Ben Ali. En fuite depuis janvier 2011, le frère de Leïla Ben Ali s’est réfugié au Canada. Y était-il au moment de son passage dans l’émission de Moez Ben Gharbia ?

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En tout cas le fait qu’il ait pris la parole à visage couvert laisse supposer qu’il craint pour sa sécurité. « À moins qu’il n’ait changé d’apparence », soulève l’avocat Imed Ben Halima, présent sur le plateau télé.

Belhassen Trabelsi plaide non coupable

Dans les faits, Belhassen Trabelsi ne révèle et n’apporte rien de nouveau sur la dynamique du soulèvement tunisien, mais laisse sous-entendre que la capture du clan Trabelsi à l’aéroport de Tunis-Carthage le 14 janvier 2011 était voulue par Ben Ali. Il précise que la Brigade antiterroriste (BAT), qui les avait capturés, ne pouvait qu’obéir aux ordres de sa hiérarchie et désigne le Général Ali Sériati − ex-patron de la brigade présidentielle − comme le chef d’orchestre du 14 janvier.

Il plaide non coupable pour les nombreux chefs d’accusation qui pèsent contre lui, dont ceux de corruption, népotisme et trafic d’influence, mais ne semble pas être prêt à rentrer au pays et à intégrer le processus de la justice transitionnelle comme l’ont demandé Slim Chiboub et Mohamed Sakhr El Materi, gendres de Ben Ali.

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Malgré les contre-arguments et les preuves présentées par les invités de l’émission, Belhassen Trabelsi est resté dans le déni ; il s’est présenté comme victime d’une justice aveugle et a tenté, sans être crédible, d’attendrir les téléspectateurs en évoquant ses enfants.

La chaîne de télé qui gêne

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Le devenir et la localisation actuelle de Belhassen Trabelsi, qui a eu des démêlés avec les services d’immigration canadiens, ne sont pas les questions les plus importantes.

À juste titre, certains dénoncent les effets pervers de la ligne éditoriale d’Attessia TV, rappellant que Moez Ben Gharbia et Borhène Bsaiess, autre animateur de la chaîne, comptaient parmi les communicants laudateurs de l’ancien régime. D’autres se demandent quels sont les objectifs d’un déballage qui relève de l’épiphénomène.

« Dans un contexte où le pays est extrêmement fragilisé et divisé, entre autres, par la gestion du retour des jihadistes depuis le front syrien, il semble qu’Attessia TV veuille nous enfumer, pour brouiller les cartes et faire perdre de vue les priorités en diffusant ce genre de focus » assène un téléspectateur sur la page Facebook de la chaîne.

« Qui finance ce genre d’ineptie ? » s’y insurge un autre, tandis qu’une majorité dénonce le silence de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), qui ne joue plus selon eux son rôle de régulateur.

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