Maroc : le voile intégral dans le collimateur des autorités
Des agents du ministère de l’Intérieur ont sommé des vendeurs de voile intégral (niqab) de cesser cette activité dans un délai de 48h. La réaction des islamistes ne s’est pas fait attendre.
Alors que le Maroc attend la formation d’un nouveau gouvernement, en gestation depuis quatre mois, une nouvelle affaire est venue voler la vedette du feuilleton des négociations entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. Il s’agit de l’interdiction par le ministère de l’Intérieur de la commercialisation ou de la fabrication du voile intégral. Bien que le département de Mohamed Hassad n’ait pas communiqué officiellement sur le sujet, des agents placés sous son autorité ont entamé une tournée, dimanche 8 janvier, dans plusieurs villes pour notifier par écrit aux commerçants concernés l’interdiction de cette activité. Ils leur accordent un délai de 48 heures pour se débarrasser de leurs stocks de niqab, sous peine de voir leur marchandise saisie.
L’argument sécuritaire
Dans les sphères sécuritaires, on murmure qu’il s’agit d’une mesure préventive. Les affaires criminelles où les malfaiteurs ont utilisé cet habit pour perpétrer leurs actes ou se dissimuler pour essayer d’échapper aux forces de l’ordre, sont assez récurrentes. Et les responsables redoutent que le niqab puisse un jour servir de déguisement pour des actes encore plus violents, comme des attentats terroristes.
Indignation des salafistes
L’argument sécuritaire ne semble pas convaincre tout le monde pour autant. Dans la sphère islamiste, les réactions ont fusé. Sur les réseaux sociaux, la plupart des cheikh salafistes repentis ont réagi. « Appliquer le deux poids deux mesures, en permettant au femmes de se vêtir selon la dernière mode européenne et en les empêchant de s’habiller selon la mode orientale est une restriction imposée à une partie importante de la société marocaine. C’est une différenciation raciste ne pouvant être soutenue ni par la religion ni par une quelconque logique », écrit Hassan Kettani, un ancien prêcheur salafiste condamné dans le procès des attentats de Casablanca en 2003 avant d’être gracié par le roi.
Omar El Haddouchi, qui a eu aussi le même parcours, va encore plus loin : « J’aurais voulu que cette interdiction soit décrétée contre les habits de la dépravation des mœurs et de la propagation de la prostitution », écrit-il. De son côté, la société civile attend une officialisation de cette interdiction avant de réagir dans son ensemble. Jusque-là, seule l’Observatoire du nord pour les droits de l’homme (ONDH) a publié un communiqué pour juger cette décision « arbitraire et portant atteinte aux droits des femmes à s’exprimer et s’habiller librement ».
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