Rwanda : l’enquête sur la participation de Pierre Tegera au génocide aboutit à un non-lieu
Un non-lieu a été prononcé le mois dernier au bénéfice de Pierre Tegera par des juges d’instruction français. Visé par un mandat d’arrêt de la justice rwandaise, sa participation au génocide de 1994 n’a pu être clairement établie.
Arrêté en décembre 2013 à Nice, où il était devenu ambulancier, Pierre Tegera, 65 ans, est accusé par Kigali d’avoir participé à l’époque à des massacres visant des Tutsis.
Depuis 2008, cet ancien ingénieur agronome était visé par un mandat d’arrêt de la justice rwandaise, et par une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) en France.
Kigali avait même formulé une demande d’extradition le concernant. En vain : la justice française a toujours refusé d’extrader des Rwandais accusés de génocide dans leur pays.
Le leader d’une milice extrémiste
La justice rwandaise accuse Pierre Tegera d’avoir été le meneur d’une milice interahamwe (extrémistes hutus qui furent les fers de lance du génocide de 1994), notamment dans la commune de Kibilira (dans le nord du pays), dont il était originaire et où des massacres avaient déjà eu lieu contre les Tutsis depuis 1990. Cette date marque le début de l’offensive de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) contre le pouvoir hutu.
Enquêteurs et juges d’instruction se sont rendus plusieurs fois au Rwanda. Plusieurs témoins leur ont affirmé que Pierre Tegera avait participé à des campagnes anti-tutsis à Kibilira, jusqu’à lui prêter un rôle dans des massacres avant 1994.
Mais les juges soulignent dans leur ordonnance de non-lieu qu’aucun des témoins ne peut impliquer Pierre Tegera dans des tueries durant le génocide. Or la compétence universelle de la justice française sur le génocide ne couvre que l’année 1994.
25 affaires en cours
Prononcée le 12 décembre, cette décision intervient neuf jours après la confirmation en appel de la condamnation à 25 ans de réclusion criminelle de l’ancien militaire Pascal Simbikangwa. Il est le premier Rwandais à avoir été jugé en France pour sa participation au génocide des Tutsis, qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994.
Deux anciens bourgmestres ont également été condamnés à la perpétuité en mai 2016 et ont fait appel, tandis que le prêtre Wenceslas Munyeshyaka a bénéficié d’un non-lieu.
Environ 25 enquêtes similaires sont encore ouvertes au pôle crimes contre l’humanité du tribunal de grande instance de Paris.
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