RD Congo : libre sur le papier, l’opposant Moïse Moni Della se trouve toujours en détention à Makala

Plus de dix jours après la signature de l’accord politique de la Saint-Sylvestre qui, entre autres, acte sa libération, l’opposant Moïse Moni Della, reconnu comme l’un des sept prisonniers politiques emblématiques, est toujours en détention à Kinshasa.

Moïse Moni Della lors d’un meeting de l’opposition, le 15 septembre 2015 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique.

Moïse Moni Della lors d’un meeting de l’opposition, le 15 septembre 2015 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique.

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Publié le 12 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

Au ministère de la Justice, on évite le sujet. Impossible de prendre connaissance de l’évolution de la mise en oeuvre des mesures de décrispation décidées dans l’accord politique global et inclusif signé le 31 décembre au Centre interdiocésain de Kinshasa.

Ce jour-là pourtant, « les parties ont pris acte avec satisfaction que les cas d’Antipas Mbusa Nyamwisi, Roger Lumbala, Floribert Anzuluni et Moïse Moni Della ont déjà été traités par la [commission des hauts magistrats], laquelle a déjà décidé soit de l’arrêt des poursuites pour les trois premiers, soit de la libération pour le dernier », peut-on lire dans les dispositions du compromis politique conclu entre la Majorité présidentielle (MP), le Rassemblement, principal regroupement de l’opposition congolaise, et quelques signataires du premier accord du 18 octobre.

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Trois « cas emblématiques » non réglés par l’accord

Trois autres « cas emblématiques » des prisonniers et exilés politiques, présentés par le Rassemblement lors des pourparlers pour obtenir des « gestes forts » du pouvoir, sont restés en suspens : celui d’Eugène Diomi Ndongala, condamné pour viol sur mineures, a « posé un problème de conscience dans un pays comme la RDC régulièrement présenté par ses détracteurs comme la capitale mondiale du viol », s’est justifié début janvier Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.

Le sort des deux autres,  Jean-Claude Muyambo et Moïse Katumbi, condamnés dans une similaire et rocambolesque affaire immobilière, a été confié aux évêques. Ces derniers poursuivront des contacts auprès des autorités pour tenter d’arracher une mesure de décrispation en leur faveur.

Inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État dans une autre affaire, portant sur le recrutement de mercenaires, Moïse Katumbi avait d’ailleurs demandé au Rassemblement de ne pas faire de son cas un « point de blocage » lors des pourparlers avec le camp de Kabila, permettant ainsi la signature in extremis de l’accord.

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Mais pourquoi Moni Della n’est-il toujours pas libéré ?

Moïse Moni Della, lui, a vu son cas réglé par l’accord. Pourtant, malgré sa libération annoncée dans ce dernier, il continue de croupir dans une cellule du pavillon 1 de la prison tristement célèbre de Makala, à Kinshasa.

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« Ce n’est qu’une question de procédure, croit savoir une source judiciaire proche du dossier. Une mesure de décrispation sera bientôt prise en sa faveur et une fois le parquet notifié, les charges à son encontre seront abandonnées et il pourra quitter la prison. »

Moïse Moni Della a arpenté les couloirs de la mort

Mais dans l’entourage de Moïse Moni Della, l’on se dit « préoccupé » par cette lenteur. Interpellé le 19 septembre lors d’une manifestation réclamant la convocation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels, ce proche de Moïse Katumbi et président des Conservateurs de la nature et démocrates (Conade) est resté introuvable pendant plusieurs jours avant que sa présence ne soit signalée dans un premier lieu de détention.

« Moïse Moni Della a arpenté les couloirs de la mort : il a d’abord été détenu au camp Tshatshi avant d’être transféré à la première zone de défense, puis à Ndolo, au Casier judiciaire et au parquet. C’est depuis le 30 septembre qu’il a été finalement amené à Makala », raconte un proche de l’opposant qui dit également craindre que le leader des Conade ne soit « empoisonné durant sa détention ». « C’est un témoin gênant des bavures commises par les forces de l’ordre et de sécurité lors de la manifestation du 19 septembre », soutient-il.

Dans une correspondance datant du 5 janvier, le parti de Moïse Moni Della a saisi le procureur général de la République pour « solliciter [son] implication personnelle, en tant que patron de l’action et maître de l’action publique, aux fins de lever tout obstacle administratif et de rendre effective » la libération de son leader. Pour l’instant, rien n’y fait.

Incompréhension chez les évêques

Du côté de la médiation, l’on ne comprend pas non plus pourquoi les premières mesures de décrispation annoncées, dont la libération de Moïse Moni Della et le retour des trois exilés politiques (Antipas Mbusa Nyamwisi, Roger Lumbala et Floribert Anzuluni) ne sont toujours pas effectives. « La question était même de nouveau sur la table des discussions hier [11 janvier] lors de la reprise des travaux sur l’arrangement particulier », renseigne une source au sein de la Cenco.

Aussi le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) ne peut-il pas encore se saisir du dossier. « Les évêques ont demandé à Étienne Tshisekedi [président désigné de la structure, ndrl] d’attendre sa notification avant d’entrer effectivement en fonction », confie à Jeune Afrique un proche collaborateur du président du comité des sages du Rassemblement.

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