Égypte : verdict attendu dans le procès Moubarak
L’ancien président égyptien Hosni Moubarak est arrivé samedi matin au tribunal qui doit rendre un verdict dans son procès pour complicité de meurtre de centaines de manifestants durant la révolte de 2011 qui l’a chassé du pouvoir, selon l’agence de presse officielle Mena.
L’ex-raïs de 86 ans, a été transporté en hélicoptère de l’hôpital militaire du Caire, où il est incarcéré, au tribunal, installé dans une académie de police dans la banlieue de la capitale, a précisé la Mena, qui a annoncé son arrivée à 07H40 GMT.
Des images de la chaîne de télévision privée Sada al-Balad, autorisée à filmer l’audience en direct, ont montré M. Moubarak installé sur une civière dans la cage des accusés, l’air grave et lunettes de soleil sur le nez, encadrés par ses deux fils, Alaa et Gamal, attendant l’arrivée du juge.
M. Moubarak, à qui il est reproché d’avoir ordonné à la police de réprimer le soulèvement populaire ayant fait 846 morts, est jugé avec son ancien ministre de l’Intérieur Habib al-Adly et six anciens hauts responsables des services de sécurité. La même cour doit également se prononcer dans le cadre d’un autre dossier, une affaire de corruption concernant le président déchu et ses deux fils.
Vers un acquittement ?
Une cinquantaine de partisans du président déchu se trouvait samedi matin devant l’académie de police, brandissant des portraits de M. Moubarak, ainsi que des familles des victimes tombées durant la révolte de 2011, selon un journaliste de l’AFP.
Le verdict devait être rendu le 27 septembre mais le juge l’avait ajourné, expliquant qu’il n’avait pas eu assez de temps pour finir la rédaction des 2.000 pages d’attendus. Lors d’un premier procès, M. Moubarak avait été condamné en juin 2012 à la prison à perpétuité mais la sentence avait été annulée pour des raisons techniques et l’affaire rejugée.
La presse égyptienne estime que l’ex-chef de l’Etat pourrait être acquitté car le climat dans lequel le tribunal doit se prononcer est bien différent de celui de 2012. Même acquitté, l’ancien président ne serait toutefois pas libéré puisqu’il purge actuellement une peine de trois ans de prison pour une autre affaire de corruption, selon un responsable judiciaire.
Témoignages favorables
Durant le nouveau procès ouvert en mai 2013, la plupart des témoins – des hauts responsables de la police et de l’armée en poste sous Moubarak – ont livré des témoignages jugés favorables à l’accusé. En outre, les procès de M. Moubarak, très médiatisés au départ, sont aujourd’hui éclipsés par ceux de son successeur, l’islamiste Mohamed Morsi, renversé en juillet 2013 par l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi.
M. Morsi et la quasi-totalité des dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans sont actuellement derrière les barreaux et encourent la peine de mort. Ils sont rétroactivement accusés par les médias et une grande partie de l’opinion publique d’être derrière les violences politiques qui ont secoué le pays depuis 2011.
La police a, elle, été en partie réhabilitée dans l’opinion publique et les médias, qui saluent maintenant la répression des pro-Morsi par les forces de sécurité. M. Moubarak a assisté aux audiences de son procès installé sur une civière, lunettes de soleil sur le nez, assurant en août n’avoir jamais "ordonné le meurtre de manifestants".
"J’ai la conscience tranquille"
"Alors que ma vie approche de son terme, grâce à Dieu j’ai la conscience tranquille et je suis content d’avoir passé (ma vie) à défendre l’Egypte", avait-il affirmé. L’ex-ministre de l’Intérieur de M. Moubarak avait accusé les Frères musulmans et des activistes palestiniens d’être derrière la mort des manifestants en 2011. Selon lui, ils auraient agi pour discréditer la police égyptienne.
Après le coup de force de l’armée contre M. Morsi en juillet 2013, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués par la police et l’armée, essentiellement au Caire, et plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de "sans précédent dans l’histoire récente".
Le nouveau pouvoir s’en est également pris à l’opposition laïque et de gauche, emprisonnant des dizaines de jeunes militants pour avoir enfreint une loi controversée limitant le droit de manifester.
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