Soupçons de chantage contre le roi du Maroc : la justice française se prononcera le 16 février sur la validité des enregistrements

La Cour d’appel de Reims, en France, décidera si les enregistrements audio réalisés par l’avocat du Palais, Hicham Naciri, sont recevables. Le feuilleton judiciaire dure depuis 2015, et il n’est pas encore terminé.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

Le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé le 7 février 2019 six nouveaux walis. © Christophe Ena/AP/SIPA

Publié le 13 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Il y a du nouveau dans l’affaire des deux journalistes français accusés de chantage à l’égard du contre le le roi du Maroc. La Cour d’appel de Reims doit se prononcer, le lundi 16 février, sur la recevabilité d’enregistrements déterminant mais contestés par les inculpés, ont annoncé les parties, jeudi 12 janvier, au sortir d’une audience devant la chambre d’instruction.

Catherine Graciet, 42 ans, et Éric Laurent, 69 ans, sont soupçonnés d’avoir voulu extorquer de l’argent au Maroc en échange de l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. Tous deux contestent avoir été à l’initiative d’un chantage.

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Des enregistrements réalisés « par nécessité » 

Lors de l’audience, qui s’est tenue à huis clos, le parquet général a de nouveau requis la validation des enregistrements, malgré une décision de la Cour de cassation les remettant en cause le 20 septembre dernier.  » Il n’appartenait pas aux enquêteurs d’interdire au plaignant, ni même de le dissuader de recourir à des enregistrements, dont l’illégalité était justifiée par l’état de nécessité », a estimé l’avocat général dans son réquisitoire écrit, dont l’AFP a eu connaissance.

« Les enquêteurs ont profité des enregistrements, sans avoir participé, même indirectement, à leur réalisation », a-t-il ajouté, concluant que l’argument des mis en cause sur « la prétendue déloyauté de la preuve » devait être « écarté ».

Arrangement financier

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Interpellés en août 2015, en possession de 80 000 euros en liquide, au sortir d’une réunion avec Me Hicham Naciri, Catherine Graciet et Éric Laurent, ont demandé, le 15 décembre 2015 l’annulation des enregistrements réalisés par ce dernier sur son téléphone portable, estimant qu’ils avaient enfreint la procédure légale des écoutes. 

Ils disent avoir été piégés par l’avocat marocain qui a, selon eux, procédé lui-même aux enregistrements de leur deuxième et troisième rencontres (21 et 27 août), alors qu’une enquête judiciaire était déjà ouverte après leur 1er rendez-vous (11 août). Leur demande d’annulation avait été rejetée par la Cour d’appel de Paris, le 26 janvier, et leurs avocats avaient alors demandé un pourvoi en cassation. 

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Les avocats des mis en examen, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandent l’annulation des enregistrements des deuxième et troisième rencontres, au motif qu’ils ont été réalisés par l’émissaire marocain alors qu’une enquête était ouverte.

Les plaidoiries des avocats

« La police doit respecter un certain nombre de règles de procédure : si elle ne les respecte pas, la sanction est l’annulation », a déclaré Me Jérémie Assous, avocat d’Eric Laurent. À ses yeux, les enregistrements sont « illégaux » car réalisés hors du cadre fixé par la procédure pénale.

De son côté, Me Éric Dupond-Moretti, un des avocats du royaume du Maroc, a répété que « les policiers ont été observateurs et pas acteurs. Ils n’ont pas équipé Naciri d’un matériel d’agent secret ».

La Cour d’appel de Reims rendra sa décision le 16 février, mais elle pourrait à nouveau faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de cassation.

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