L’argent des Africains : Zobel, assistant sécurité et environnement au Congo-Brazzaville – 213 euros par mois

Zobel a 26 ans. Il travaille comme assistant sécurité et environnement dans une entreprise de transport et de manutention. Pour ce nouveau numéro de notre série l’argent des Africains, il a accepté de nous ouvrir son portefeuille.

Zobel à son bureau. © DR

Zobel à son bureau. © DR

Publié le 1 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Il est tard et Zobel vient de sortir du bus qui le ramène chez lui, en périphérie de la ville de Pointe-Noire. Il a la voix enjouée et le tutoiement facile. Pourtant, ses journées de travail sont longues. Elles débutent très exactement à 5h05, à l’heure où le réveil sonne. Il lui faut ensuite emprunter différents bus pour être à 7h30 dans l’entreprise de transport et manutention qui l’emploie comme assistant sécurité et environnement.

Là, son travail consiste principalement à faire appliquer les consignes de sécurité par les 280 employés. « Tu sais, je suis un peu comme le médecin de l’entreprise, explique-t-il. À ceci près que je ne soigne pas, je préviens les accidents en demandant aux ouvriers de bien porter leur casque ou leurs chaussures de sécurité. »

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Salaire : 213 euros

Chaque mois, il gagne, primes comprises, 140 000 francs CFA (environ 213 euros). « Ce n’est pas très rentable, confesse-t-il. Surtout compte tenu de mon rang dans la société et de mon niveau d’éducation. » Auparavant, Zobel était étudiant en littérature africaine à l’université de Brazzaville. Il rêvait de devenir écrivain ou enseignant. Mais la naissance de sa fille, alors qu’il était en première année de maîtrise, l’a obligé à arrêter ses études. « J’étais déçu, mais c’était trop compliqué financièrement, précise-t-il. Je devais subvenir aux besoins de ma famille. »

Décision est prise de quitter Brazzaville pour déménager à Pointe-Noire, sur la côte atlantique. La deuxième ville du Congo, qui s’est enrichie grâce à l’industrie pétrolière, semble alors offrir davantage d’opportunités que la moribonde capitale politique du pays. « J’ai suivi une formation de sept mois pour décrocher un emploi, raconte-t-il. Puis, j’ai été embauché dans mon entreprise actuelle. »

L’obsession de Zobel

La grande obsession de Zobel, c’est de « mettre [ses] enfants à l’abri du besoin ». D’autant que la famille s’est agrandie, avec la naissance d’un fils en mai 2016. Pour cela, il épargne chaque mois entre 23 et 30 euros en cas de coup dur. Surtout, il a économisé pendant près d’un an pour pouvoir s’offrir une maison à 1 524 euros, dans laquelle il a emménagé avec sa petite famille il y a trois semaines. « C’est petit, nous n’avons qu’une seule chambre. Mais grâce à cela, je ne paye plus de loyer », explique-t-il.

Désormais, le jeune homme peut s’adonner à quelques petits plaisirs, comme aller au restaurant en famille une fois par mois. « Ce n’est jamais le grand luxe, mais on peut se régaler avec des plats à 4 euros 50. » Il a également acheté une télévision depuis peu, pour regarder des films humoristiques et des séries en rentrant le soir. « Cela me détend énormément », affirme-t-il.

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Pendant la journée, son épouse s’occupe des enfants et du foyer. Elle a dû arrêter depuis peu son travail de gestionnaire dans une école privée. « C’était trop loin et les transports sont très chers à Pointe-Noire. Alors elle reste à la maison », explique Zobel. Chaque mois, il ne manque pas de lui verser ce qu’il appelle « son argent de poche », soit un peu moins de 23 euros, pour qu’elle puisse s’acheter un pagne, ou autre. Pour ses achats personnels, Zobel s’octroie exactement la même somme.

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Les dépenses de nourriture de la famille s’élèvent en moyenne à 69 euros par mois. Pour les transports et le coût des communications, Zobel s’acquitte respectivement de 27 et 4 euros.

Gagner plus

Pour l’avenir, Zobel songe à changer de travail afin de gagner plus d’argent. « Pour tout te dire, je suis déjà en train de chercher, avoue-t-il. Mais ce n’est pas évident. » Au Congo-Brazzaville, la crise économique est passée par là et les entreprises ont beaucoup licencié. « Ce n’est peut-être pas le moment de quitter son poste », dit-il. Quant à ses rêves de devenir romancier, il les laisse pour plus tard. « On ne sait jamais. »

Si vous souhaitez participer à notre série, écrivez-nous à argentdesafricains@jeuneafrique.com

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