Maroc : le socialiste Habib El Malki élu président de la Chambre des représentants
Seul candidat en lice, le numéro deux de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a été sacré président de la première chambre à la majorité absolue ce lundi 16 janvier.
Le député de Bejaâd est devenu président de la Chambre des représentants. Celui qui règne depuis 1993 sur cette bourgade du centre du Maroc sous les couleurs de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a été élu à la majorité absolue par 198 voix sur les 342 exprimées.
Son sacre, il le doit au Rassemblement national des indépendants (RNI) de Aziz Akhannouch et aux trois partis que ce dernier veut intégrer dans le prochain gouvernement de Abdelilah Benkirane (Mouvement populaire, MP, Union Constitutionnelle, UC, et Union socialiste des forces populaires, USFP). Tous se sont mobilisés pour lui. Mais Habib El Malki a eu aussi les faveurs du Parti authenticité et modernité (PAM), deuxième force politique du Parlement, qui a largement contribué à son élection.
Pas de vote de l’Istiqlal
Voyant que la partie était gagnée d’avance pour le candidat socialiste, les islamistes du PJD, première force politique du Parlement, n’ont pas présenté de candidat face à lui et ont voté blanc durant cette séance. « Nous voulons permettre à nos consultations gouvernementales de se poursuivre dans un esprit positif », ont entonné les islamistes dans un communiqué publié quelques heures avant le vote.
Quant aux députés de l’Istiqlal, troisième parti représenté dans l’hémicycle, ils ont décidé de se retirer de la séance avant même le démarrage du vote. Selon eux, « la situation confuse qui prévaut dans le champ politique ne leur permet pas de prendre une décision ». Leurs collègues du PPS, eux, ont préféré assister à la séance mais en s’abstenant.
Le PAM au Sénat
Habib El Malki a accédé au perchoir avant même que le gouvernement ne soit formé. Ce qui n’est pas une première, selon les analystes politiques. « Le 5 janvier 1998, Abdelouahed Radi, un des ténors de l’USFP, a été élu à la tête de la Chambre des représentants, avant la formation du gouvernement de Abderrahman Youssoufi qui n’est intervenue qu’un mois après », explique le politologue Mustapha Sehimi. À l’époque, Hassan II voulait préparer l’avènement de l’alternance et réunir toutes les conditions pour qu’elle réussisse.
Autre exemple, d’actualité : la Chambre des conseillers (Sénat) n’est pas dirigée par la majorité gouvernementale, mais par le PAM, premier parti d’opposition, à travers Hakim Benchemach et avant lui son collègue au parti, Mohamed Cheikh Biadillah.
« Aucun texte de loi n’impose au Parlement d’attendre la formation du gouvernement pour élire ses instances », poursuit Mustapha Sehimi. « La tradition a voulu que la présidence de la chambre des représentants fasse partie des tractations gouvernementales car il s’agit du troisième poste le plus important du pays en terme protocolaire. Mais ce n’est qu’un usage, pas une règle juridique », explique-t-il.
Qui est Habib El Malki ?
Depuis ce lundi, Habib El Malki est donc la troisième personne officielle du pays après le roi et le chef de gouvernement. « Il réalise un rêve vieux de 20 ans », confie un de ses amis proches. Économiste reconnu, c’est aussi un personnage qui apprécie le faste et les honneurs et qui n’a jamais fait secret de sa convoitise pour le perchoir.
En 1991, Hassan II le nomme secrétaire général du Conseil national de la jeunesse et de l’avenir (CNJA), créé par l’ancien monarque pour remédier au chômage des jeunes. Il y restera jusqu’en 2000, année de sa dissolution. Au lieu de pousser les jeunes à adopter l’esprit d’entrepreneuriat, le CNJA s’est transformé en une agence de recrutement de diplômé au chômage. Une politique qui sera poursuivie par le gouvernement Youssoufi, aggravant les contestations sociales de cette frange de la population.
Un homme qui aime le pouvoir
En mars 1998, Habib El Malki devient ministre dans le gouvernement de Abderrahman Youssoufi, chargé du département de l’Agriculture. Il y subit les conséquences de deux années de sécheresse qui ont fait chuter le taux de croissance du PIB à 1,9% en 2000 contre 7,2% deux ans auparavant. Il ne sera pas reconduit sous Youssoufi II mais reviendra avec Driss Jettou en 2002, en tant que ministre de l’Éducation nationale, à un moment où le Maroc était lancé dans sa toute première tentative pour réformer le secteur de l’enseignement dans le cadre d’une commission dirigée par l’ancien conseiller royal, Abdelaziz Meziane Belfkih (la COSEF).
Il quitte ce ministère en 2007, avec l’arrivée du gouvernement d’Abbas El Fassi, et reste dans l’ombre. On n’entend plus parler de lui. Au sein de son propre parti, il n’a jamais fait de vagues, malgré la débâcle électorale que sa formation subit depuis le gouvernement de l’alternance. Beaucoup de militants ont claqué la porte de l’USFP pour protester contre la politique du secrétaire général, Driss Lachgar, sauf lui. Il en deviendra même le bras droit.
Parallèlement à sa casquette de député, il continue de présider le Centre marocain de conjoncture (CMC), un observatoire de l’économie marocaine qu’il a fondé au début des années 1990.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello