Burkina : cinq candidats pour la présidence de transition
Cinq personnalités ont été choisies par civils et armée comme candidates au poste de président de la transition du Burkina Faso, un président qui dirigera le pays jusqu’aux élections prévues fin 2015.
La nomination du futur chef intérimaire, qui sera un civil, doit intervenir rapidement, "lundi au plus tard" selon un militaire, au sein d’un collège de 23 membres où les civils sont majoritaires.
L’Armée au pouvoir, la société civile et l’opposition ont présenté leurs listes de candidats avant l’heure limite, fixée à 12H00 (locales et GMT) dimanche. Les autorités religieuses et traditionnelles n’ont finalement pas sélectionné de personnalités, selon des membres de cette instance.
Mgr Paul Ouédraogo, religieux
L’archevêque de Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, suscite l’adhésion générale. L’armée pour l’instant au pouvoir, l’opposition et la société civile l’ont placé dans leur "short list", malgré les réticences de la hiérarchie catholique.
Le président de le Commission épiscopale Burkina-Niger, au visage rond orné de lunettes, n’est pourtant pas candidat. "Je ne l’envisage pas. Ce genre de pouvoir, le clerc ne s’y engage pas", avait-il tranché en début de semaine au micro de Radio France internationale.
Mais l’opposition et la société civile justifient leur choix par la possibilité d’une dérogation venant du Vatican, qu’elles espèrent obtenir en faisant pression, par leur consensus, sur les autorités catholiques.
Cherif Sy, journaliste
Fils d’un ancien général, Cherif Sy, le cheveu poivre et sel, a été engagé politiquement dans un parti se réclamant du dirigeant révolutionnaire Thomas Sankara, qu’il connaissait personnellement. L’ex-président du Burkina Faso, sorte de "Che" burkinabè, a été renversé par Blaise Compaoré en 1987. Il a péri lors du coup d’Etat.
M. Sy a ensuite créé Bendré, un hebdomadaire très critique vis-à-vis de l’ancien pouvoir, dont il est directeur de la publication. Il est depuis plusieurs années président des éditeurs de la presse privée burkinabè.
Le handicap de cette candidature, soutenue par opposition et société civiles, est sa faible stature internationale. Cherif Sy y aurait donné son accord, selon plusieurs sources proches du dossier.
Newton Ahmed Barry, journaliste
Ancien présentateur vedette de la télévision publique burkinabè, Newton Ahmed Barry s’est distingué en démissionnant avec fracas après l’assassinat de Norbert Zongo, un journaliste tué en 1998 alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, le frère de l’ex-chef de l’Etat.
M. Barry a créé l’Evènement, un hebdomadaire également très critique vis-à-vis de Blaise Compaoré, dont il est le rédacteur en chef depuis 2001. En août dernier, il avait publié une "note d’alerte" affirmant que "de graves menaces" pesaient sur sa vie du fait de son statut de "journaliste d’investigation" placé "dans le collimateur du régime" Compaoré.
Soutenu tout comme M. Sy par opposition et société civile, M. Barry manque, tout comme son confrère, de réseaux hors du Burkina Faso. Il se serait lui dit prêt à occuper la présidence, selon plusieurs sources proches du dossier.
Joséphine Ouédraogo, ex-ministre
L’armée, outre Mgr Ouédraogo, défend la candidature de Joséphine Ouédraogo, sociologue et ministre de l’Essor familial et de la Solidarité sous Thomas Sankara de 1984 à 1987.
Mme Ouédraogo, qui a quitté le Burkina à la chute de Thomas Sankara, a occupé ensuite des postes de direction au sein de la Commission économique africaine, un organe onusien, puis de l’ONG Enda tiers-monde à Dakar.
Cette femme très respectée en Afrique a toutefois le défaut d’être mal connue dans son propre pays, où elle est rentrée en 2012 pour travailler dans un cabinet de conseil.
Michel Kafando, diplomate
Michel Kafando, également proposé par l’armée, est une figure de la diplomatie burkinabè, qui a été ambassadeur de la Haute-Volta (l’ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011.
M. Kafando a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements, entre 1982 et 1983, avant l’arrivée au pouvoir de Thomas Sankara, quand le pays connaît une forte instabilité.
Son nom, mentionné à la chute il y a deux semaines du président Compaoré, n’est revenu sur le devant de la scène que dimanche.
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