Davos : recherche Afrique désespérément…
Les orateurs du Forum économique mondial ne s’étranglent ni dans leur afro-optimisme ni dans leur afro-pessimisme. A Davos, recherche Afrique désespérément…
« Quant il pleut des roubles, les malchanceux n’ont pas de sac », ironisait l’humoriste Coluche. Ce mardi, dans la petite station de ski des Alpes suisses de Davos, débutait la 47e édition du Forum économique mondial qui réunit, chaque année, les principaux décisionnaires de l’économie planétaire. S’il serait stérile de ne brosser du Forum de Davos que la caricature du rendez-vous vaniteux des opulents de la planète, il faut se rendre à l’évidence que l’inédite teinte chinoise de cette édition – l’empire du milieu est l’invité d’honneur – ne laisse que peu de place aux colorations afro…
À Davos, le continent est traditionnellement visible à la marge ou en filigrane. En périphérie, les Organisations non gouvernementales spécialisées dans les rapports nord-sud projettent, comme à l’accoutumée, leurs slogans, voire leurs calicots, au fronton du forum. En filigrane, et comme pour se donner bonne conscience en répondant auxdits militants, l’organisation de la manifestation déroule un thème central politiquement correct et afrocompatible. Cette année, le continent noir est censé se reconnaître dans le sujet retenu comme élément central des débats : les inégalités de revenus et de richesses.
Huit personnes aussi riches que la moitié la plus pauvre de la population mondiale
Statistique numéro 1 : selon Oxfam, huit personnes, sur la planète, détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Statistique numéro 2 : selon la Banque mondiale, la moitié des personnes touchées par l’extrême pauvreté (50,72%) vit en Afrique subsaharienne. Inutile de chercher à combiner intelligemment les deux moitiés des statistiques pour ressentir la pertinence du thème de Davos pour l’Afrique. Et il est tout autant inutile de fouiller les archives pour deviner que ce thème, comme tous les thèmes de toutes les rencontres internationales, finira en inaudible bruit de fond de discussions conjoncturelles…
C’est moins en Suisse que dans les réunions régionales déclinées du Forum que l’avenir de l’Afrique peut être évoqué
De toute façon, et même s’il n’existe aucun diagnostic applicable à l’ensemble du continent – tarte à la crème au milieu d’autres tartes à la crème -, l’heure n’est guère, à Davos, à l’afro-optimisme. Même davantage susurrées que proclamées, les analyses s’attardent sur la menace du terrorisme, le retour des vieilles lunes autocrates ou la persistance d’une croissance souvent exclusivement liées à des matières premières dont le cours n’est guère favorable. Et pour achever dès maintenant la litanie des phrases commençant par « de toute façon », c’est moins en Suisse que dans les réunions régionales déclinées du Forum que l’avenir de l’Afrique peut être évoqué, à défaut d’être dessiné.
Bien sûr, c’est à Davos – exception politique confirmant la règle – que se rencontrèrent, pour la première fois à l’étranger, Frederik de Klerk et Nelson Mandela, en marge de la Réunion Annuelle. Mais c’est dans les capitales africaines, à l’occasion des sessions annuelles du Forum économique mondial consacrée à l’Afrique, que l’on débat de la réalité de la situation continentale. À Davos, les débats sur l’Afrique glissent comme les skis sur la neige…
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