Nigeria : l’armée de l’air bombarde un camp de déplacés par erreur et fait au moins 70 morts
L’armée de l’air nigériane a bombardé par erreur un camp du nord-est du pays ce mardi. Le CICR, présent sur place, déplore 70 morts au lendemain de l’attaque.
La méprise a coûté très cher aux populations installées dans le camp de Rann, dans le nord-est du Nigeria, près de la frontière camerounaise. Mardi 17 janvier, l’armée de l’air nigériane a bombardé par erreur ces habitations, faisant plusieurs dizaines de morts, selon un habitant et l’ONG Médecins sans Frontières.
Cette dernière estimait quelques heures après le raid aérien que 52 personnes étaient mortes et que plus de 100 autres avaient été blessées au cours de cette attaque « choquante et inacceptable ».
Au lendemain du drame, ce mercredi 18 janvier, le bilan s’est alourdi puisque le CICR, également sur place, évoque 70 victimes, dont six travaillant pour la Croix-rouge locale. Elle parle en outre d’un bilan « évolutif », pouvant donc potentiellement s’aggraver. Selon la chaîne CBC, le gouvernement de l’État de Borno évoque un bilan plus lourd encore : 100 morts.
Indignation et incompréhension de MSF
Quels que soient les chiffres, les ONG tentent désormais de soigner les blessés. C’est pourquoi le docteur Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations MSF, exige que la sécurité des civils soit respectée après ce bain de sang : « Nous demandons instamment à toutes les parties de faciliter les évacuations médicales, aériennes et terrestres, pour les survivants qui ont besoin de soins urgents. »
Passé le choc de la nouvelle, les ONG et l’armée tentent de comprendre comment une telle erreur a pu être possible. « Nous avons reçu des informations faisant état de regroupements de terroristes de Boko Haram quelque part dans la région de Kala-Balge », a expliqué de son côté le major général Lucky Irabor, lors d’un point presse à Maiduguri, la capitale de l’État du Borno.
Explications limitées de la part de l’armée
« Nous avons obtenu les coordonnées et j’ai ordonné à l’aviation d’intervenir pour résoudre le problème. La frappe a été menée, mais malheureusement il s’est avéré que des habitants ont été touchés », a-t-il ajouté.
MSF et le CICR prennent en charge les distributions alimentaires dans les camps de déplacés de Rann. Ces déplacés se sont réfugiés dans ces camps après avoir fui les violences perpétrées par le groupe jihadiste Boko Haram.
L’insurrection de Boko Haram contre le gouvernement nigérian a fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés dans ce pays depuis 2009. Les autorités nigérianes affirment néanmoins que le conflit est entré dans sa phase finale.
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