Maroc : un rapport dénonce le niveau alarmant de la surpopulation carcérale

Les prisons marocaines sont archi-saturées, selon l’Observatoire marocain des prisons. En cause : les cas de détention préventive qui progressent d’année en année.

Procès d’un présumé terroriste devant la cour criminelle de Rabat le 20 décembre 2004. © JALIL BOUNHAR/AP/SIPA

Procès d’un présumé terroriste devant la cour criminelle de Rabat le 20 décembre 2004. © JALIL BOUNHAR/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 20 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Plus de 328% à la prison de Marrakech, 245% à celle de Nador et 190% à Souk Larbaâ au centre du Maroc. Ce sont là quelques exemples de la surpopulation carcérale dans le royaume, objet d’un rapport alarmant de l’Observatoire marocain des prisons (OMP), rendu public jeudi 19 janvier.

Derrière ces pourcentages, l’augmentation du nombre des détenus à titre préventif qui a accaparé 40,8% du total des prisonniers en 2016. « Ce phénomène constitue le facteur principal amplifiant la dégradation de la surpopulation des prisons, et fait de ces dernières des établissements punitifs, au lieu d’établissements privatifs de liberté et jouant leur rôle en matière de qualification et de réinsertion sociale », estime le rapport.

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Désengorger les prisons

« Le parquet recourt à la détention préventive comme solution de facilité sans commune mesure avec la gravité des délais », explique Abdellah Mesdad, secrétaire général de l’OMP. En 2016, ils étaient plus de 79 000 prisonniers dans les 82 pénitenciers que compte le Maroc, dont 30 340 prévenus.

Le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, saisi plusieurs fois par l’Observatoire pour soulager les prisons, a élaboré un avant-projet de réforme du Code pénal, introduisant des peines alternatives à la détention préventive, comme les travaux d’intérêt public, les amendes quotidiennes et la restriction de certains droits. Mais son projet, qui s’est heurté à de fortes résistances en raison de son recul sur les libertés individuelles, est bloqué et n’a pu emprunter le circuit officiel d’adoption.

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Dans son rapport, l’OMP a dévoilé le nombre de plaintes qu’il a reçu de la part des prisonniers, de leurs familles ou d’une partie tierce et pour lesquelles il a mené des enquêtes au sein des prisons.

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Au 20 décembre 2016, 216 plaintes lui ont été adressées dont 53 ayant trait au transfèrement des prisonniers, 41 pour violences et mauvais traitements et 30 pour difficultés d’accès aux services médiaux.

Bien que l’usage de la torture ait considérablement diminué dans le royaume, le traitement des prisonniers donne encore lieu à des débordements signalés par les ONG de droits de l’Homme. Depuis son intronisation, Mohammed VI a décrété une politique de réinsertion sociale au sein des prisons et ouvert ces dernières au monde associatif.

Le couloir de la mort

Autre problématique abordée dans ce rapport : la peine de mort. Près de 117 personnes condamnées à mort croupissent dans les prisons marocaines, essentiellement dans la prison de Kénitra. Le Maroc n’applique plus cette peine depuis 1993 mais la justice continue de la prononcer pour certains crimes qui sont détaillés dans le Code pénal (Attentat au roi ou à un membre de la famille royale, meurtre intentionnel avec circonstances aggravantes, atteinte à la sûreté de l’État…).

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