Le capitalisme protéiforme
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Frédéric Maury
Frédéric Maury est directeur éditorial à Jeune Afrique Media Group. Auparavant rédacteur en chef du pôle économie de Jeune Afrique, il pilote les programmes et contenus éditoriaux du pôle conférences, notamment ceux du Africa CEO Forum.
Publié le 2 février 2017 Lecture : 2 minutes.
Après une année 2016 marquée, sur le front des fusions-acquisitions en Afrique subsaharienne francophone, par les cessions de plusieurs filiales d’Airtel et de Millicom à Orange pour environ 1 milliard d’euros, 2017 promet un véritable infléchissement. Pas au niveau des volumes : malgré le ralentissement économique, l’Afrique reste sur la carte des investisseurs. Non, le phénomène le plus marquant de ces dernières semaines est la transition capitalistique en cours dans quelques-unes des plus anciennes et des plus importantes (historiquement) sociétés opérant en zone francophone : Necotrans, les filiales agroalimentaires de Mimran et l’ex-La Cigogne. Soit des leaders de la logistique, de la farine et du sucre, ou dans la distribution d’engrais – toutes françaises et installées sur le continent depuis des dizaines d’années.
Comme l’a révélé Jeune Afrique Business+, notre toute nouvelle plateforme d’informations professionnelles, ces trois fleurons historiques sont en vente (de manière évidente dans le cas des deux derniers) ou tout à fait ouverts à un repreneur (le premier a mandaté une banque d’affaires pour étudier toute possibilité). À la clé, 1,5 milliard d’euros environ de revenus (cumulés), plus d’une dizaine de pays de présence, des milliers d’emplois…
À l’heure où l’on parle du recul de la France en Afrique, phénomène d’ailleurs souvent très relatif, l’avenir de ces sociétés devrait interpeller le capitalisme français, notamment quelques années après l’acquisition de CFAO par le japonais TTC : les actifs de Mimran vont ainsi finir dans les mains du marocain Forafric, tandis que ceux de La Cigogne semblent promis au fonds de capital-investissement Helios, basé à Londres. Quant à Necotrans, ses soupirants viennent du monde entier.
Pour Paris, est-ce la fin d’une époque ? Sans doute, comme l’entrée de deux groupes singapouriens au capital du groupe franco-ivoirien Sifca signa la fin d’une autre ère il y a une dizaine d’années. Mais ces opérations reflètent aussi une réalité désormais plus complexe, miroir d’un capitalisme protéiforme : derrière Forafric se cache un investisseur français né au Maroc, Helios a été fondée par deux Nigérians et, de bonnes sources, plusieurs candidats à un investissement dans Necotrans sont africains. Quant à CFAO, plus de quatre ans après sa reprise par TTC, c’est toujours à Paris que se prennent les décisions stratégiques.
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