Namibie : Pohamba, deux mandats et puis s’en va

Si dans certains pays africains, les chefs d’État, une fois arrivés en fin mandat, tentent de toucher à la Constitution pour s’accrocher au pouvoir, Hifikepunye Pohamba, le président namibien, a choisi de se retirer. Sans jouer aux prolongations comme Sam Nujoma, son prédécesseur.

Le président namibien Hifikepunye Pohamba, arrivé fin mandat. © AFP

Le président namibien Hifikepunye Pohamba, arrivé fin mandat. © AFP

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Publié le 28 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

En son temps, son mentor, Sam Nujoma, avait choisi une voie controversée, celle de la modification de la Constitution pour briguer un troisième mandat. Et ce, par la magie d’une dérogation à portée limitée introduite fin 1998 dans la loi fondamentale. Une révision constitutionnelle a minima permettant au premier chef d’État de la Namibie de se représenter – nonobstant la limitation à deux du nombre des mandats restée intangible – trois fois de suite à la présidentielle. Hifikepunye Pohamba, lui, a choisi de respecter les textes constitutionnels en vigueur.

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Après deux mandats à la tête du pays (élu en 2004 et réélu en 2009), Pohamba n’a initié aucun projet de révision constitutionnelle pour tenter de jouer les prolongations. Dans les officines de son parti, la Swapo, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1990, il n’a jamais été question non plus de soumettre au peuple un quelconque référendum dans ce sens.

Pohamba passe le flambeau à Geingob

À la différence du Burkina Faso et des autres États de l’Afrique de l’Ouest, voire de l’Afrique centrale, en Namibie, le nom du dauphin de Hifikepunye Pohamba était déjà connu bien avant l’organisation du scrutin présidentiel du 28 novembre. À l’issue des primaires très disputées au sein de la Swapo, Hage Geingob, l’actuel Premier ministre, a été désigné candidat du parti lors de son congrès de 2012. Modéré comme son futur prédécesseur, ce cadre de la première heure de la Swapo avait déjà dirigé le premier gouvernement namibien entre 1990 et 2002, avant de revenir aux affaires dix ans plus tard.

De son côté, Hifikepunye Pohamba, 79 ans, rejoint Sam Nujoma au club des anciens présidents namibiens. "Depuis qu’il s’est retiré du pouvoir en 2004, après son troisième mandat, Nujoma est resté très présent dans la vie politique nationale, jouant souvent un rôle d’arbitre et de sage dans le parti", commente Ebba Kalondo, ancienne chef de service Afrique à France 24 et spécialiste de la Namibie. "Il bénéficie aussi du statut spécifique d’ancien chef de l’État qui lui accorde plusieurs avantages", précise-t-elle.

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En clair, il s’agit de privilèges légalement octroyés aux anciens présidents de la République namibienne. Outre "l’immunité devant les juridictions pénales et civiles nationales pour tout acte prétendument commis, ou toute omission au cours de son mandat", ces privilèges comprennent entre autres "des pensions conséquentes, un personnel administratif pour son bureau d’ancien chef d’État, un personnel domestique pour sa résidence privée", énumère Ebba Kalondo. Bref, une retraite bien assurée qui a jusqu’ici participé à asseoir l’alternance politique dans le pays. La stratégie peut-elle s’exporter dans les autres États africains où les présidents s’accrochent encore à la règle "j’y suis, j’y reste" ?

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Par Trésor Kibangula

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